« Hmmpf, amusant, Yasuke. Ironiquement, je n’ai pas besoin de récupérer le livre pour le moment. Il est bien plus en sécurité entre les mains d’un inconnu dont le clan ne sait rien qu’entre les miennes. »
Un mal pour un bien, j’aurais tout le temps de récupérer le bouquin au besoin. Le Kaguya n’était qu’un soucis secondaire, le plus important était la survie de Miwa, malgré moi, il fallait que je passe du temps à ses côtés pour réellement comprendre ce que Mariko lui trouvait réellement. Jusqu’à maintenant, elle ne montrait rien qui valait la peine de prendre autant de risques, encore moins son entourage… farfelue, je ne pouvais que continuer à me questionner.
« En revanche, as-tu déjà raconté à ta « boss » qui était la personne qui t’avait recueillie ? Celle à qui tu dois tout mon cher Kaguya ? Et celle que tu n’as pas hésité à trahir ? Aurait-elle cette vision « d’homme fidèle » si c’était le cas ? »
Je restais impassible devant la Rihatsu, peut-être ses charmes fonctionnaient-ils sur les hommes en général, mais c’était loin d’être mon style de m’abaisser à de telles choses, encore moins devant une femme de son genre. Valait-elle réellement mieux qu’une vulgaire traînée ? Froidement, je répondis alors :
« Mon nom n’a aucune, et n’a jamais eu d’importance. Le vôtre en revanche… Je crois savoir qu’il en intéresse plus d’un dernièrement. Croyez-le ou non, je suis l’un de vos rares alliés aujourd’hui. »
Peu avant sa mort, Mariko avait fait en sorte que certains de ses plus proches collaborateurs ne jurent fidélité à Miwa, bien que ces derniers ne la connaissait point. Une manœuvre ambitieuse de la part de ma défunte mère pour assurer son héritage et sa continuité. Toutefois, il ne fallait pas compter sur le conseil Rihatsu pour respecter de tels accords. Ces chiens galeux allaient tout faire pour grappiller le moindre morceau de la confrérie et Miwa n’allait devenir qu’une cible pour eux, qu’elle le veuille ou non. Cette dernière me convia à la rejoindre à Koya, je ne cachais pas ma légère réticence à l’idée de me rendre là-bas, après un soupir à peine dissimulé, j’acceptais tout de même :
« Koya ? Ce taudis ? Tss, j’imagine que cela conviendra. Retrouvons-nous donc là-bas. »
Je n’allais pas m’attarder ici maintenant que nous avions convenu d’un rendez-vous. Qui plus est, cela ne m’enchantait pas particulièrement de me retrouver avec une compagnie aussi atypique, je les retrouverais bien assez tôt, trop à mon goût, hélas ma belle vie ici était terminée… Alors que je commençais à partir, je me retournais une dernière fois, notamment en direction du gros gaillard, presque sur un ton amusé je lui lâchais :
« Et pendant que nous y sommes, ne laissez pas traîner le cadavre dans la rue, ça fait tâche. »