Entrainement enflammé

La pauvre petite demoiselle venait de se prendre une gueta en pleine gueule en une fraction de seconde. En tournant la tête, il était déjà trop pour moi aussi, Manjiro était bien trop rapide pour moi et me plaquait avec fermeté et violence contre le sol avant de me saisir par le col. Le coup fut assez violent pour mon corps bien fragile, ma bouche crachait du sang.

Et le pire dans tout ça, c'est que mon camarade de mission avait raison... Comment voulais-je protéger ceux pour qui j'ai de l'estime ? Ceux que j'aime ? Il était temps pour moi de prendre une grande décision et de me servir de ma tête... Me servir de ma tête ? Bien inutile face à Manjiro, il est bien trop imprévisible, alors... ALLEZ KURO, BOUGE TOI LE CUL ! Reculant un peu ma tête de celle de ton ami, je lui donnais un coup de boule dans la face !


Manjiro n'avait pas bloqué mes bras et encore moins mes mains. Je me dessinais alors dessus pour y matérialiser de nombreux oiseaux d'encre afin de le repousser avec mes faibles jambes et de lui bloquer la vue temporairement. De loin, la scène suivante pouvait ressembler à un corps vomissant de l'encre et un soutien mal au point tentant de se dégager pour espérer réussir à effectuer au moins une attaque.


De l'autre côté, la petite Chikara était ko après le coup de Manjiro. Elle ne s'était pas relevée après s'être prise la geta du Chikara.

J’étais donc restée à les observer pendant quelques instants, je m’attendais à assister à un entraînement intéressant entre mes camarades, mais j’étais loin d’imaginer qu’ils feraient preuve d’aussi peu de retenu entre eux. Enfin, il faut bien admettre que c’était surtout Manjiro qui, pour ne pas changer, laissait libre cour à ses accès de violence. Tandis qu’il maintenait Kuro au sol, je m’approchais d’eux dans leur dos, et alors que le Chikara se débattait tant bien que mal, je décida de stopper rapidement tout cela. Suite à quelques mudras, je fis apparaître un mur de pierre sous les pieds des deux garçons, ce qui devrait les forcer à se séparer. Au même instant, je m’écriais alors pour attirer leur attention :



Je m’approchais alors encore un peu, loin d’être aussi souriante que j’avais l’habitude de l’être. Ce n’était pas la première fois que des genins y allaient un peu fort durant leurs entraînements, et j’aurais facilement pu passer l’éponge s’il ne s’agissait pas de Manjiro. J’avais autrefois décidée de ne pas lui imposer de sanction après son altercation avec Jiken. Je voulais qu’il en profite pour me prouver qu’il pouvait réellement être l’homme qu’il pensait être. Mais ce court échange de coup et de mots avec ses camarades suffisait à me prouver le contraire.



Ajoutais-je alors que j’allais m’accroupir vers la jeune femme qui avait prit un sacré coup. Elle était visiblement k.o. et souffrait de léger saignements. Tandis que je m’appliquais à refermer ses légères blessures, je tournais mon regard vers Manjiro, je n’esquissais pas le moindre sourire, j’allais me montrer déçue de son comportement et il le savait très bien.

Le Chikara fut surpris de constater que son adversaire blond n'était pas aussi faible qu'il le pensait. Cependant, alors qu'il commençait à se révéler, un mur se dressa soudain entre Manjiro et lui, et son poing se heurta violemment à la roche. Il murmura en reconnaissant la voix de la cheffe du clan Kitto qui le réprimanda aussitôt :


Tandis que les criquets chantaient, Manjiro ressentit un sentiment de déjà-vu, rappelant les moments où il se sentait différent des autres villageois. Il s'efforçait de renforcer les plus faibles, mais le blond, malgré ses capacités, le troublait. Se retournant vers la jeune femme, il déclara :


Intérieurement, Manjiro était bouillonnant de frustration face à la faiblesse de ses compagnons. Son caractère et ses capacités limitées le privaient souvent de missions. Il avait le sentiment que Konoha était faible et se demandait si Nami, en tant que cheffe de clan, méritait sa place si elle ne pouvait pas supporter la violence. Malgré sa haine grandissante envers Tensaï, il reconnaissait que ce dernier était capable d'évaluer les situations. Prenant sur lui pour contrôler sa colère, Manjiro se mit à marcher vers le centre-ville et lança à Kuro :


Dans ce moment de rare sympathie, Chikara Manjiro semblait envisager la possibilité de s'échapper, mais Nami lui en laisserait-il l'occasion ?

C'était vraiment mal barré ! Malgré mes efforts pour vouloir honorer ma promesse et tenter d'épargner la pauvre fille qui était là au mauvais endroit, au mauvais moment... Je n'ai pu arrêter Manjiro cette fois-ci. Me serais-je trompé en pensant pouvoir canaliser son émotion de colère en tentant une approche amical ? Non, je devais avoir confiance en moi, mais pour le moment le résultat n'était pas glorieux.


Demandais-je en clopinant vers notre nouvelle Hokage. Mais au même moment, alors que je me remettais toute ma vie en question et en étant inquiet de l'état de la demoiselle, Manjiro me félicitait tentant de SE BARRER ! MAIS JE REVE OU QUOI ?!


Lui rétorquais-je. Je crains hélas, en ayant croiser le regard de Nami, que cela n'allait pas arriver de si tôt... ! J'ai l'étrange sentiment que nous allons prendre cher et tout les deux...

Peut-être Manjiro n’avait-il pas tort dans le fond, ces deux-là n’étaient sans doute pas préparés à affronter le monde extérieur de si tôt. Mais ils n’étaient pas genins sans raison, cela signifiait qu’il leur restait des choses à apprendre et surtout à engranger de l’expérience. Suis-je cependant la mieux placée pour leur faire la leçon en vérité ? En avais-je la quelconque légitimité ? Il n’y a de cela seulement quelques mois, je n’étais qu’une simple genin comme eux… D’un autre côté, peut-être était-ce pour moi un moyen de montrer l’exemple ? Tandis que je finissais de guérir les plaies de la jeune femme, je répondais alors :



Au fond de moi, je ne pouvais que regretter la manière dont Manjiro s’y prenait. Son action semblait partir d’une bonne intention dans le fond, il voulait que ses camarades soient prêts à défendre Konoha ainsi qu’eux mêmes, et je ne pouvais pas réellement le contredire là-dessus. Mais son comportement brutal n’avait rien de très pédagogique, me rendant réellement indécise à son sujet.



Répondais-je cette fois à Kuro alors que je posais délicatement la tête de la jeune Chikara sur le sol. Pendant ce temps, Manjiro essaya de filer en douce. Je ne poussais qu’un énième long soupir avant de l’interpeller :



Qu’étais-je supposée faire ? Je voulais trouver un moyen pour qu’ils comprennent leurs erreurs, mais je n’étais pas du genre à appliquer de stupides punitions, d’autant que j’avais le sentiment que cela n’aurait pas réellement d’effet positif sur Manjiro, au contraire je sentais qu’il pourrait trouver cela injuste. Alors, je suivis mon propre exemple de ces dernières semaines, l’on allait innover un peu.





Leur dis-je à tout deux bien calmement. L’objectif n’était pas de les gronder, je pensais d’ailleurs ne pas être très crédible dans ce rôle, mais plutôt de les aider à comprendre ce qu’il leur manquait. Pour Kuro, c’était évident, il s’agissait de confiance en lui. Quant à Manjiro, il devait apprendre à contrôler ses instincts et comprendre que son comportement apportait plus de dangers qu’autre chose.

Manjiro était du genre obéissant avec Nami, mais il ne comprenait pas quelque chose... Pourquoi était-elle en train de commander tout le monde ? C'était devenu normal à Konoha qu'une cheffe du clan Kitto puisse donner des ordres à des Chikara ? Il était déjà dans une situation suffisamment étrange pour se faire remarquer. Il haussa ses deux épaules lorsque cette dernière lui posa des questions. Bien qu'il n'aimait pas déplaire à la Kittodôno, il se fichait bien d'être Genin et d'être pauvre. Tensaï avait été capable de lui prouver que le monde ninja n'était qu'une pourriture officieuse en lui coupant les fonds pour un simple désaccord.

Lorsque la jeune Kitto lui annonça son partenaire de mission, il se mit alors à sourire... Comment pouvait-elle le lier à un Uzumaki durant une mission ? N'était-elle pas au courant de son petit accident ? Bien que ce dernier était assez ancien, il avait été assez traumatisant pour de nombreux utilisateurs des Fuinjutsu.


Il se mit alors à s'étirer et venait de comprendre une chose ; il ne devait pas trop se rater pour espérer reproduire cela... Du moins, n'était-ce pas son erreur qui lui permettait de partir en mission ?


Il se mit alors à siffler en s'éloignant petit à petit... Il avait un peu pitié envers Kuro car, le pauvre, allait sûrement devoir nettoyer les toilettes de l'académie. Bien qu'il manquait de force, il pouvait sûrement mieux faire avec ses dessins...

Au moins, la mieux tirer de cette affaire ca restait la pauvre fille que Manjiro a tabassé pour rien.




Franchement... POURQUOI EST-CE QUE JE ME METS A CHIALE DEVANT LA HOKAGE !!! C'EST TELLEMENT TROP LA HONTE ! Ce combat m'a au moins servi de leçon, je devais devenir bien plus robuste en terme de technique pour faire face à un adversaire aussi fort que lui. La bonne décision fut prise selon moi pour mon camarade, enfin...



...était-ce une bonne idée de le laisser avec un Uzumaki, surtout en connaissant le passif de Tensai ?


L'humiliation était à son comble et pourtant, je n'en voulais aucunement à Manjiro. Il me prouvait encore une fois que je n'étais qu'un faible...

Quelques heures plus tard...


Personne n'avait vraiment fait attention, mais Manjiro était parti sans remettre ses chaussures. Ses pieds endurcis par les années à jouer avec son frère sur des sols brûlants le supportaient sans souci. En ramassant le morceau de bois renforcé (sa geta) pour la mettre sous ses pieds, il remarqua quelque chose à quelques mètres de là.

Un gros trou ornait le mur. On racontait qu'il n'avait jamais été réparé de peur que le bâtiment voisin ne soit affecté. C'était l'impact de la dispute avec son frère, il y a presque huit ans. Ils s'étaient battus, se prenant la tête, son frère l'accusant d'espionner pour devenir plus fort et ainsi, copier son style.

Un sentiment de nostalgie l'envahit. Malgré leurs différends, son frère lui manquait. Il ressentait le poids de leur relation compliquée, ce qui le poussait toujours à essayer de tromper l'ennui en multipliant les rencontres...

Mais en même temps, cette confrontation avec le passé ravivait en lui le désir de découvrir la vérité sur le sort de son frère. Il se sentait comme un homme à la recherche d'une aiguille dans une botte de foin, ne sachant pas par où commencer. Et pourtant, cette nouvelle mission lui offrait une opportunité, une chance de revoir celui qu'il imaginait mort.

Il se demandait si Nami, la Kittodôno, était au courant de quelque chose. Peut-être même que la cheffe du clan Chikara, à laquelle ils étaient associés, avait glissé un message subtil. Dans cette quête de réponses, chaque détail, chaque indice, chaque conversation prenait une nouvelle signification. Manjiro ne gâcherait pas cette chance... Il s'éloigna alors du terrain d'entraînement tandis que le village se teintait d'obscurité.

Répondais-je à Manjiro en poussant un soupir. Il n’y avait rien à faire, quoique l’on fasse, il ne réalisait pas que ses actes dépassaient les limites. Ce côté inconscient allait finir par lui jouer des tours, comme cela avait déjà été le cas. J’espérais au moins que la mission de demain le calmerait, ne serait-ce que pour un temps. Beaucoup de shinobis avaient changés après leur première mission à l’extérieur, peut-être serait-ce son cas aussi après tout, je l’espérais réellement, bien que je ne souhaitais pas non plus qu’il arrive quelque chose de trop dramatique.
De son côté Kuro était plutôt… tout le contraire. Le voir commencer à pleurer me fis le prendre en pitié, je m’apprêtais à m’excuser d’avoir été un peu dure avec lui, mais je me ravisas au dernier moment. Il n’était plus un enfant, et son comportement aussi était à revoir. Toutefois, je ne pouvais pas procéder de la même manière qu’avec son camarade, c’est pour quoi la tâche que j’allais lui confier devrait être une bonne expérience pour lui.



Lui dis-je pour le rassurer un peu sans pour autant paraître trop douce tandis que Manjiro se faisait la malle. Je me mis alors à nouveau au niveau de la jeune Chikara qui était visiblement encore dans les vapes. J’espérais que le choc n’avait pas causé trop de dégâts que l’on ne pouvait pas voir, je préférais alors m’en assurer en confiant ses soins à l’hôpital.

Au moins, je pouvais me rattraper déjà de cette manière là avec cette fille. Je lui bloquais ses pieds en étant de dos avant que Nami me confiait ses bras. Un effet de levier et hop ! Voilà que cette môme était sur mon dos.


Je fixais notre nouvelle Hokage. Cette femme était admirable, malgré notre "entrainement" avec Manjiro, elle était juste dans sa manière de faire. J'étais persuadé qu'avec elle le village allait changer. Et je me devais de ne plus la décevoir et de faire de mon mieux pour avoir un niveau en conséquence de mon âge. Se faire battre par un mineur, la honte...