Sérendipité

Disais-tu alors que tu traînais l’Hokage à travers les couloirs de l’hôpital. Tu avais longuement insisté pour qu’elle prenne du temps pour venir voir ce que tu avais accompli. Tu avais gardé les détails pour toi, tu voulais impérativement voir sa tête lorsqu’elle comprendrait ce que tu avais fais ! Débordant littéralement d’enthousiasme, tu lui dis :



Tu te voyais déjà reconnue pour cette découverte géniale. Tu n’avais jamais couru après une quelconque renommée, mais c’est trop extraordinaire pour que personne ne soit au courant ! Nami était la première que tu prévenais, non pas parce-quelle était Hokage, mais parce-qu’en plus d’être ta meilleure amie, elle était elle même une médecin… du moins quand elle en avait encore le temps.



Dis-tu alors que tu lui montrais ce qui ressemblait à un simple bout de peau ouvert en deux. Une réplique comme l’on en voyait des tas en médecine, idéal pour s’exercer mais rien de très impressionnant à première vue. L’attente était insoutenable, tu n’attendais qu’une chose : qu’elle pose des questions !

Aujourd’hui, c’était visite à l’hôpital, j’avais été convaincue, pour ne pas dire forcée, par Eiko de venir la voir dans ses œuvres. Elle semblait déterminée à me montrer quelque chose même si elle ne voulait pas me dire exactement ce dont il s’agissait. Je dois dire que je l’avais rarement vu aussi enthousiaste, du moins en public. Eiko était plutôt du genre à se faire toute petite et à se lâcher en privé. Mais là, c’était comme si le monde autour n’existait pas, elle traversait les couloirs comme si l’hôpital lui même lui appartenait.



Elle me parlait d’une médaille ? Je dois avouer que cela piquait ma curiosité. Ce n’était pas son genre de courir après les prix, sauver des vies lui était suffisant, il devait donc s’agir de quelque chose de relativement important. Je poussais un léger soupir avant de la suivre à travers les couloirs, jusqu’au sous-sol, là où se trouvaient les labos.



Je dois bien avouer que j’étais un peu déçue et dans l’incompréhension totale. À quoi jouait-elle ? Décidait-elle de me faire une blague ? Avais-je oublié son anniversaire et était-ce là sa vengeance ? Sceptique, j’ajoutais :

Lui répondis-tu. Bon, il faut dire que ce n’était pas très explicite vu comme ça. Soudainement, tu te mis à prendre une voix plus grave, comme pour te moquer d’un ancien professeur puis tu dis :



Tu savais que ce résultat n’était pas possible à obtenir, à moins d’y passer de nombreuses heures. Un gâchis de chakra en somme. Bien évidemment, le meilleur restait à venir… Tu trépignais d’impatience à l’idée de lui expliquer ta découverte.

Dis-je en levant un sourcil, il y avait quelque chose de pas net. Il était presque impossible d’obtenir un tel résultat et je le savais bien. Ce que les professeurs nous disaient n’était là que pour nous pousser à l’erreur, que nous puissions apprendre. Désinfecter une plaie à ce point était une lubie qui pouvait causer plus de mal que de bien au patient. En règle général, un léger usage de l’iroujutsu ou de l’alcool était suffisant, bien que le premier était long et le second… barbare, surtout sur un patient éveillé.



J’étais obligée de reconnaître que j’étais impressionnée, mais je ne voyais là que le résultat de longues heures de pratiques sur une simple réplique. Je ne comprenais pas le but de ce qu’elle essayait de me montrer, n’avait-elle rien de mieux à faire de ses heures de travail ou de l’argent du village ?

La question que tu attendais avec impatience. Tu savais de quoi cela avait l’air. Alors, avec un sourire montant jusqu’aux oreilles, tu levas un doigt et tu dis :



Enfin ! Elle allait comprendre l’incompréhensible, et que ce que tu avais fais tenais presque du miracle. Tu étais extrêmement fière de toi, toi qui doutais constamment de tes capacités, c’était là la preuve que tu étais capables de grandes choses toi aussi !



Lui dis-tu en faisant glisser doucement le microscope vers elle. Enjouée comme jamais, tu te penchas vers elle, les mains jointes comme une gamine qui attendrais patiemment les félicitations de ses parents.
 

Avait-elle réellement fait cela en six malheureuses secondes ? C’était au-delà de la médecine, cela relevait presque du miracle. Le chakra était souvent capable de me surprendre, mais là c’était tout autre chose, cela dépassait clairement de l’iroujutsu classique. Quand Eiko avait-elle progressée à ce point ? Elle était excellente théoricienne, mais sa pratique laissait encore à désirer, du moins c’est ce que je croyais jusqu’ici. Pourtant, je ne pouvais exprimer ma joie…



Je ne ressentais aucune différence dans son chakra, il m’était trop familier, j’aurais repéré le moindre changement immédiatement. Avait-elle développé un genre d’affinité ? Ou était-ce une application de l’iroujutsu dont nous n’avions pas connaissance ? Eiko avait beau être une élève assidue et une médecin appliquée, elle était encore trop jeune pour arriver à un tel niveau. Je le savais, et elle aussi.

La Gaikotsu aveugle m’avait grandement intéressée, tu voulais à tout prix l’aider bien qu’il ne s’agisse pas directement de ta patiente. Trouver une solution à son mal pourrait en aider beaucoup d’autres. C’est cette volonté de l’aider qui t’avais menée à cette découverte… hasardeuse.



Il n’y avait aucune raison pour que les plantes agissent agit, surtout à cet échelle et aussi rapidement. Le seul autre élément c’était moi, nous étions dans un environnement stérile, il n’y avait pas d’autres options.

Demandais-je alors que j’écoutais attentivement son récit. Elle était du genre têtue lorsqu’elle avait quelque chose en tête, un trait de famille j’imagine, mais toutes les découvertes n’étaient pas toujours bonnes à prendre. Il me manquait un élément pour comprendre tout cela, ou peut-être sous-estimais-je simplement ma meilleure amie ? Je la connaissais plus que quiconque, mais entre le Kijiton et cela, je me demandais d’où elle pouvait tenir de telles capacités



Eiko avait le chic pour faire durer les explications. Elle n'avait pas de nombreux défauts, mais ses explications à rallonge avait tendance à te faire piquer du nez. Bien que tu l'aimais énormément, écouter ses explications relevait d'une véritable épreuve. Elle aurait été une excellente professeur à l'académie tiens... Au moins, je sais vers quel choix de carrière l'amener si elle décidait de quitter l'hôpital, m'enfin, je m'égare...

Tu étais profondément agacée, tu passais des nuits entière à enchaîner les échecs. Le plus souvent, rien ne se passait, et lorsque quelque chose se produisait, c’était loin d’être le résultat escompté. Si tu avais compris être capable de modifier l’ADN pour une quelconque raison, tu savais que cela pouvait avoir comme résultat des monstruosités. Mais tu préférais taire ce passage peu concluant…



C’était devenu une véritable obsession, allant jusqu’à négliger tes autres tâches. Même certains collègues étaient venus te voir pour prendre des nouvelles, ton laboratoire de recherche était littéralement devenu ta seconde maison, au point que cela en devienne dangereux pour ta propre santé.

Je comprenais parfaitement son enthousiasme, et j’aurais souhaité le partager en d’autres circonstances. Mais un bon médecin devait savoir mesurer le danger de ses expériences. Eiko souhaitais devenir une scientifique, elle en avait donc bien conscience, mais j’ai peur que son côté trop enjoué ne vienne lui causer du tort.



À terme, si cela se révélait sans danger pour nous autres, je serais la première ravie de lui donner les moyens d’avancer dans ses découvertes. Pour le moment, je ne pouvais lui faire de fausses promesses et je sais que Takumi aurait été d’accord avec moi s’il était là. Cela me brisait le cœur de devoir la ralentir dans quelque chose d’important pour elle, mais il le fallait.

Nami restait sceptique, pour de bonnes raisons même si tu ne voulais pas les entendre. À tes yeux, ce projet était capital, autant pour toi même que la médecine en général. Tu n’étais pas devenue dingue, tu n’allais bien évidemment pas essayer cela sur le premier patient venu, mais il fallait bien commencer quelque part un jour ou l’autre, non ?



Dis-tu en saisissant avec empressement un sachet qui contenait un autre morceau de peau similaire à ceux utilisés à l’académie. Ni une ni deux, tu plaças ta main contre celui-ci, et lorsque tu retirais celle-ci après seulement quelques secondes, la magie avait fait son effet. Cela ne prouvait en rien que ce n’était pas de l’iroujutsu, seul ton ressenti te faisait penser ainsi, mais elle pouvait constater son efficacité presque miraculeuse.

Je ne pouvais pas me permettre de faire preuve d’insouciance. Le monde ne tournait pas rond et ce ne serait pas la première fois que le chakra d’Eiko se mettait à faire des siennes. N’avait-elle pas songé au fait que cela pouvait avoir un lien avec cette étrange maladie l’ayant suivi la moitié de sa vie ? Je ne préférais pas mentionner ce sujet, je savais que j’allais déjà casser l’ambiance, à mon grand regret.



Des semaines d’expérimentations étaient un argument difficilement recevable dans ce domaine. Cela fonctionnait, je l’avais vu de mes yeux, mais à quel prix ? Quel effet pouvait-il y avoir sur un être humain sur le long terme ? C’était trop dangereux, et c’était mon devoir de protéger les citoyens tout autant qu’Eiko. Je ne doutais pas qu’elle deviendrait un jour une médecin formidable, mais je le voulais pas qu’elle se précipite…