Lors de mon arrivée à Konoha, ma première surprise fut qu’ils soient si enclins à m’écouter. Mon statut de déserteur ne semblait pas les avoir tracassé plus que cela, l’on me m’obligea même pas à être menotté. D’un autre côté, je n’avais jamais été une menace pour eux, et les gardes n’avaient probablement pas la moindre idée de mon identité, je n’étais qu’un Kirishitan qui retournait au nid à leurs yeux. Ma seconde surprise fut la rapidité avec laquelle ils acceptèrent mes conditions. Je n’eus pas à attendre très longtemps avant d’être convoqué au ministère…
Ma troisième et dernière surprise fut de constater que la nouvelle Hokage était aussi jeune que moi… Konoha était-il tombé si bas ? Elle pouvait se cacher derrière un joli langage, son inexpérience pour une telle position reflétait l’état dans lequel se trouvait ce village et je pouvais difficilement penser le contraire. Mais je m’en fichais bien dans le fond, je n’étais pas là pour ça. Quoiqu’il advienne de Konoha, j’espérais éviter au mien de partager son destin.
« Je vous remercie de bien vouloir prendre du temps pour moi. Néanmoins, permettez-moi de clarifier une chose : je ne viens pas pour être excusé ou pardonné. Je souhaitais m’adresser à mon clan. Puisque Konoha est un « allié », il est naturel que je vous avertisse également des dangers qui vous guette. Ma désertion avait un but, bien qu’il fut certainement incompris par nombre d’entre vous, ou simplement ignorée. »
Mon regard se tourna alors vers Fumika. À l’instar de l’Hokage, il y avait eu du changement dans notre clan. Ce n’était pas pour me déplaire, à condition qu’elle soit moins bornée que ses prédécesseurs. S’attacher à cet endroit et à ces gens était de loin une idée pire encore que de quitter notre terre natale.
« Tout d’abord, Fumika-sama, je dois vous dire une chose importante… Ce continent n’est pas l’Eden que nous recherchons, il est même tout l’inverse, un véritable enfer contaminé par les peuples qui l’habitent. Je vous prie de m’écouter, il est encore temps pour les nôtres de tenter notre chance ailleurs. Nous n’avons pas notre place ni d’avenir ici… »
J’allais droit au but avec elle, tant que je pouvais encore parler… Il y avait de chance que mes mots ne les affecte pas le moins du monde. Peut-être la Kitto avait-elle raison dans le fond, même si cela me coûte de l’admettre, les gens semblent aveugle face au danger qui les guette. Bien que quelques minutes à travers les rues indiquaient clairement que le village avait d’autres problèmes. Bien moins de gens s’y promenaient, et de nombreux commerces avaient semble-t-il fermé. Leur stupide guerre avec les Rihatsu leur avait coûté bien plus qu’elle ne leur avait apporté finalement. Je tournais alors mon regard vers celle qui les représentait, puis sur un à un sur les dônos présents.
« J’ai vu bien des choses sur ces terres, des choses que je pensais impossible. J’imagine que vous devez avoir conscience des créatures monstrueuses qui rôdent un peu partout ? Eh bien laissez-moi vous dire que cela ne va faire qu’empirer. Et ce n’est qu’un exemple. Il est dit que le désert de Koya n’a jamais été aussi chaud, que quelque chose à changé là-bas, l’air y est devenu presque irrespirable. Des rumeurs parlent d’une armée de vampires en marche vers Kumo et il se dit que les villes civiles sont de plus en plus actives sur le continent… »