Tomohiko s’était effondré, ses genoux enfoncés dans la terre humide. Ses mots s’étaient brisés dans le silence, se perdant comme des prières éteintes. Ses larmes, mêlées à la boue, semblaient n’avoir aucune portée.
Kalia, tapie dans l’ombre des branches, l’observait. Ses yeux luisaient faiblement, mais son corps restait figé, impassible, comme si la forêt entière la contenait.
Dans son esprit, une certitude s’imposa : Mère ne voulait pas de serviteurs. Elle réclamait des enfants. Des racines. Pas des larmes.
Le silence devint plus dense encore, saturé par une tension invisible. Les racines sombres, aux abords du Kirishitan, frémissaient doucement, comme prêtes à se refermer. Le dragon de bois derrière elle s’inclina imperceptiblement, s'enfonçant lentement dans le sol...
Alors, un souffle presque imperceptible quitta ses lèvres. Plus un murmure qu’une parole, fragile et inquiétant :
« …La graine est prête… reste à savoir si nous la faisons éclore… ou si nous la laissons pourrir… »
Un murmure, ou peut-être un simple bruissement de feuilles. Mais dans l’esprit de Tomohiko, il se grava comme une sentence. Soudain, la terre trembla sous un énorme grondement, sourd et lointain, qui fit vibrer le sol et les branches alentour.
Sans hésiter, Kalia bascula dans le vide et se réceptionna souplement, exécutant une acrobatie parfaite qui la rapprocha de sa protectrice. Elle posa une main légère sur le tronc, comme pour sceller son rapport. Sa voix, basse, presque chuchotée, porta pourtant toute la gravité de l’instant :
« Le Minashigo corrompu est dans le secteur. Assez loin pour que le rituel ait lieu… »
Son regard se durcit. Même les Kuromoku, avec leurs spores et leurs champignons, n’avaient jamais su asservir ce monstre.
Ce vestige du Kakusei… Ce fléau qu’aucune arme, aucun homme, aucune prière n’avait su abattre.
Le pire enfant de cet événement maudit. Kalia n'était pas à sa première confrontation avec lui et le recrutement était important car ce dernier était justement bien trop problématique.