Ichihime suivait les pas de Kimino-sama dans la pénombre. Voilà à quoi ils étaient réduits pour approcher au plus près de la captive : les égouts. L’odeur y était âcre, presque irrespirable, une véritable épreuve pour la Kitto. À un moment, elle crut percevoir une hésitation chez l’Uzumaki, sans se douter une seule seconde qu’il s’agissait en réalité d’une vilaine tentation de destruction massive. Elle s’imagina plutôt que son acolyte souffrait, attribuant cette hésitation aux conditions de vie actuelles, comme un signe de faiblesse ou de maladie.
Après quelques pas supplémentaires, le duo se retrouva face à une immense échelle de métal, rongée par le temps et l’humidité. Ce fut à cet instant précis que l’homme rompit enfin le silence pesant qui régnait entre les deux partenaires.La jeune demoiselle l’écoutait attentivement jusqu’à ce que… ses joues deviennent rouge écarlate. Ichihime était profondément gênée par la manière dont ils devraient se présenter en cas de contrôle des forces de l’ordre. Le roux venait de lui ordonner de faire comme s’ils étaient en lune de miel, fraîchement mariés.
Le cœur battant, elle resta figée. Ichihime ne savait déjà que très peu comment se comporter avec un garçon… alors simuler une relation aussi intime ? Cela provoqua un malaise immédiat chez la jeune femme, qui se contenta d’acquiescer en silence, surprise et un peu perdue face à ce genre de discours.
Il devait bien exister une autre méthode pour passer les gardes… autre chose qu’un scénario aussi embarrassant, songeait-elle, sincèrement troublée par la tournure des événements. Comment l’avait-il appelée, déjà… ? Akiko ? Ce détail lui échappait déjà, tant son esprit était embrouillé par ce scénario absurde. Elle avait du mal à croire qu’ils allaient vraiment jouer à ce jeu-là.
Lorsque Kimino entama l’ascension de l’échelle, Ichihime eut le réflexe de se pincer les joues, comme pour s’arracher à ses pensées et revenir à la réalité. Elle devait se concentrer sur la mission. Pourtant, ce genre de détail aussi anodin qu’il puisse paraître la troublait profondément.
Mentir n’avait jamais fait partie de ses valeurs. Elle avait été élevée dans l’honnêteté, la droiture… Mais elle comprenait aussi parfaitement ce qu’ils risquaient s’ils disaient la vérité. Cela coulait de source.
Ils finirent enfin par atteindre la sortie. L’air, bien que légèrement vicié, y était déjà bien plus respirable qu’au fond des égouts. Kimino fut le premier à émerger, soulevant la lourde plaque métallique avant de se hisser dehors. Ichihime le suivit de près, prenant soin de refermer la plaque avec délicatesse, dans un silence presque cérémonieux.
Elle s’était un peu apaisée depuis leur étrange échange, mais demeurait incertaine. Comment rendre ce rôle crédible, alors qu’elle ignorait tout des gestes, des regards ou des mots qu’un tel mensonge impliquait ?
Malgré ses doutes, Ichihime emboîta le pas à Kimino-sama, arpentant les rues et les ruelles à ses côtés, l’ombre d’une inquiétude toujours accrochée au coin de ses lèvres. Dans un silence total, la jeune femme suivait les instructions de Kimino-sama sans poser la moindre question, concentrée, les sens en alerte. Elle restait attentive au moindre signe de danger. Dans cette capitale, de nombreux traîtres rôdaient, tapis dans l’ombre, prêts à frapper. Ils ne devaient plus être très loin de Miyuka.