Le gamin semblait se montrer fébrile soudainement, peut-être n'avait-il pas encore réalisé le temps qui s'était écoulé depuis la disparition de son père. Après tout, il fallait qu'il passe au travers d'une épreuve de deuil sans avoir eu à constater la mort, nul ne savait où se trouvait désormais le corps de Yasuo... Il démontra de par ses angoisses et accusations fautives une faille dans la carapace qu'il semblait vouloir feindre. Ce n'était qu'un enfant après tout, dont le triste souvenir de son père le retenait prisonnier.
« Gamin, je n'ai pas connu personnellement ton père, mais je regrette sincèrement sa disparition. Gekido, son successeur, n'a été qu'un lâche égoïste et cupide de pouvoir. Il s'est attaqué à votre clan par la raison la plus insensée, et il a sali ce rôle que ton père a autrefois endossé. Mais... »
Il fallait lui dire, il fallait qu'il l'entende, qu'importe sa réaction... Il fallait qu'il puisse entendre ces mots si difficiles à accepter. Son avenir se rattachait désormais au sombre espoir de revoir le visage de son père face à lui, mais il était plus que vraisemblable de supposer à la mort de Yasuo. Et si, par miracle, Yasuo Chikara avait survécu, pour quelle raison ne serait-il pas revenu au village ? De par son talent, il n'est pas à douter de croire qu'il serait parvenu à s'échapper s'il avait été fait captif.
« Je crois en l'assassinat de ton père, un assassinat orchestré par Gekido même. Gamin, Ton père est mort ! Et son assassin est encore en vie. Il parcourt librement les terre du Yuukan, en toute impunité. »
Il n'avait aucune certitude quant à l'identité de l'assassin de Yasuo, mais toute logique était devenue vaine, et toutes pensées accusatrices convergeaient vers cet homme qui attisait sa noirceur.
Les battements de son cœur s'accéléraient légèrement, ils étaient désormais en rythme avec cette colère grandissante. C'était à chaque instant, un sentiment qu'il tentait de renier, de dissimuler sous un masque de cire. Il n'y avait pas que Yasuo, les victimes de par la main de Gekido étaient nombreuses, et elles reposaient désormais enfouies de plusieurs mètres sous la terre. Qu'était donc une colère d'enfant ? Une colère égoïste, mais pleine de sincérité. Les poings du Kitto se serrèrent d'une préhension invincible. Le ton de sa voix s'assombrit, dansant d'une nuance nettement plus grave.
« J'écraserai ce fumier de mes propres mains, et je le ramènerai à moitié mort au village !! Il paiera pour ton père, il paiera pour toutes ces âmes ! Il paiera pour tous ces visages désormais glaçants de pâleur !! Il paiera pour tous ces hommes, pour toutes ces femmes...!! Il paiera pour toutes ses fautes avant que sa vie ne lui soit ôtées !
Je veux voir l'effroi et la souffrance dans son regard. »
Lentement, les mots s'articulaient pour déchirer le silence. Ses mains se faisaient tremblantes, le gamin l'avait piqué d'une manière incisive. Sa rage expulsait toute la colère que les mots du gamins avait suscité. Il s'était exprimé hâtivement, sous le joug de ses émotions. Mais que savait-il ? Les poings de Seijuro s'entourèrent de Chakra, il perdait progressivement le contrôle de lui-même. La raison de culpabilité...
« Mais je ne porterai pas le poids de plus de morts ! Que feras-tu face au meurtrier de ton père ?! »
Son regard obscurcit, son esprit à vif., la pesanteur qui s'était installée en quelques instants s'imprégnait de lourdeur.