Seijuro était resté à écouter la femme sans rien dire, se contentant de détailler sa gestuelle. Il avait senti le traquenard depuis le début de son apparition, il avait ressenti l'illogisme de la situation. Son observation lui avait permis de comprendre, la gestuelle de la kunoichi n'était pas anodine, elle se sentait rassurée, confiante, quand bien même elle se retrouvait face à deux hommes dont elle ne connaissait pas la force, quand bien même ces deux hommes étaient accompagnés de deux shinobis de Konoha, dont elle ne pouvait juger la force actuelle. Et pourtant, elle était là, arrogante dans sa démarche. L'incision de Kotaro avait fonctionné, elle s'était sentie blessée visiblement. Selon ses mots, Gekido n'était pas loin, et il ne tarderait pas à rappliquer si jamais elle tarderait trop. Pourtant Moji ne semblait pas s'alarmer d'une présence environnante... Gekido était-il accompagné par un senseur ? S'approchant de Moji, Seijuro souhaitait lui transmettre une information.
« Moji, je m'en remets à vous, cette femme est seule actuellement, mais son binôme est l'ancien Hokage de Konoha. Dans cette situation, nous sommes avantagés,
mais si jamais Gekido Uzumaki devait rappliquer, alors nous n'aurions probablement aucune chance. La fuite serait la seule option valable. Je compte sur votre talent de senseur. »
Allait-il s'adresser à Okuninushi ? Finalement il était le seul à être véritablement en danger ici, son mépris envers les Konohajins avait altéré la volonté du Kitto de pouvoir l'aider. Pour autant, il était un ami de Moji, il était cet homme qui semblait pouvoir un jour donner une source de vérité sur l'aïeul de Seijuro... Et il y avait cette femme, que Seijuro ne pouvait sciemment laisser partir.
« Vous devriez partir Oku-san. S'ils en ont après votre orbe, ils iront probablement s'en prendre à votre ami l'elfe. Nous la retiendrons ici, pour couvrir. Je suppose que c'est la seule chose que nous sommes en mesure de vous proposer. Le temps gagné sera probablement suffisant. »
Le Kitto s'approcha de son compagnon de Konoha.
« Kotaro, Kazami est seule, c'est notre chance. Moji couvrira nos arrières. Si Gekido devait s'approcher, alors nous serions obligés de battre en retraite. Notre "unité" ne serait pas en mesure d'affronter les deux communément. Je passe devant. »
En disant cela, il espérait de Kotaro qu'il saisirait l'opportunité d'ouverture que le Jônin allait lui laisser. Seijuro était désormais devant Kotaro, face à Kazami, éloigné de quelques mètres. Il regardait la femme d'un regard plein de mépris, plein de haine. Son petit jeu ne l'atteignait, les feintes ne prendraient que sur les esprits faibles.
« Uzumaki Kazami, les crimes dont tu t'es rendue coupable ne t'accordent pas la libre circulation devant nous autres Konohajins.
En revanche, pour les bienfaits de ton passé, pour tous les services rendus au village lorsque la folie ne te possédait pas encore, ton sort n'est pas scellé. Il a été convenu qu'une chance te serait laissée de rattraper tes fautes et tes erreurs. Uzumaki Shimazu, Uzumaki Kimino et bien d'autres encore ont plaidé en ta faveur.
Le village a tranché : si tu nous accompagnes, si tu te rends sans causer de problème, alors ton jugement sera bien différent... Une majorité souhaite ton retour au village... »
Il était prêt à combattre, mais avant cela, il souhaitait offrir cette "opportunité" à Kazami. Il savait que cette femme s'était battu pour le village caché de la feuille... Il souhaitait qu'elle ait espéré cette chance que Seijuro lui laissait. Était-ce un piège ? Probablement, mais personne en cette situation ne pouvait l'affirmer honnêtement. Seijuro savait pertinemment que cette femme s'était pendant de nombreuses années battue pour le bien du village. Il était à supposer qu'elle aimait Konoha, qu'elle aimait les Konohajins... Sa situation de déserteuse ne devait pas lui apporter la même joie qu'autrefois, au sein du village... Son visage était triste, ses paupières légèrement oedématiées, les conjonctives de ses yeux témoignait d'une rougeur discrète... Avait-elle pleuré ? Était-elle heureuse ?