L’éternel. Le long du voyage jusqu’à Kozan, tu avais pu passer quelques soirées en sa compagnie. Une aubaine. Il te fascinait. Le prince des Kenketsu avait plus de 700 ans de vie, c’est-à-dire autant d’année d’expérience, de souvenir, et de savoir. Il avait cet esprit familier, et agréable, de quelqu’un de méthodique, bien que perfide. Tu le sentais, il dissimulait des savoirs, il ne t’offrait ses connaissances qu’au compte-goutte. Tu ne savais pas vraiment pourquoi. Pour te former ? Pour t’utiliser ? Avait-il des projets pour toi ?
Cet après-midi-là, Kitaï était parti à la mine. Toi, c’était ton jour de repos. Tu fixas le coffre-fort. Le Prince était à l’intérieur. Tu n’aimais pas trop ça. Par un trop-plein d’empathie, tu pouvais comprendre le désarroi d’être piégé dans une situation sans pouvoir agir dessus. Tu étais dans la même situation, à l’exception près que toi, ta prison était ton corps malade. Alors, tu t’avanças, ouvrit le coffre, et déposa le prince sur le bureau.
Tu l’appelais par ce nom, il était plus simple que Kamiyonanayo. Et puis, tu ne te sentais pas assez proche de lui pour l’appeler par son prénom. Peut-être plus tard. D’ailleurs, est-ce qu’il dormait dans sa bouteille ? Si tel était le cas, au moins le sommeil pouvait lui apporter un répit dans ce tourment que devait être de vivre en cage.
« J’ai encore des questions… »
Il devait le savoir, ta soif de question et de savoir n’avait aucune limite. Tu aimais discuter avec le Prince, car il avait la capacité de mettre à l’épreuve ton intellect. Tu appréciais ses énigmes, les mystères qu’il t’imposait. Tu n’avais que 17 ans, un fragment du savoir et de la vie d’un être quasi-immortel comme lui, et pourtant, il prenait le temps de te répondre. Ton esprit semblait comme programmer pour apprendre, engranger, et assimiler des tonnes de savoir sans jamais se sentir perdu ou dépassé. Tu étais une machine à apprendre. Le bémol était que, lors de ta mort, tout cela allait disparaître.
Tu sortis alors un petit carnet, avec une plume et de l’encre. Tu avais noté toutes les informations que le prince t’avait déjà donnée. Tout était là, sur papier, au cas où tu disparaîtrais prématurément. Tes recherches contre le fanitisme ne devait pas tomber dans l’oubli.
« Mais plus, disons, personnelles ? »
Tu ne savais pas trop s’il allait accepter de te parler de lui, mais tu avais besoin d’en savoir plus sur sa personne, sur comment il appréhender le monde.
« J’aimerais savoir. Après toutes ces années, qu’elle vision vous avez sur le monde ? Je veux dire, vous avez aimé la prêtresse non ? Vous êtes un "humain" à la base ? Quelle est l’origine exacte de cette guerre si votre clan étiez aussi faible au départ ? Pourquoi les Gaikotsu en sont venu à chercher à vous vaincre, alors que vous n'étiez pas vraiment des vampires au départ ? Comment vous avez trouvé la force de faire des Kenketsu ce qu’ils sont aujourd’hui ? J’aimerais en savoir plus sur votre histoire. Sur vous. Sur l'histoire commune qui unis les Gaikotsu, les Kenketsu, et les Kaguya. »
Tu fixais l’œil du Prince, tel une encyclopédie pleines de savoirs.