Ils étaient de tout horizon. Tous différaient d’opinion, dans la sagesse d’un débat. Les pensées exprimaient parfois se corrélaient les unes avec les autres, tandis que des mouvements plus conservateurs se faisaient également entendre. C’était peut-être l’un des aspects les plus importants de ce qui distinguait le clan Kitto des autres clans du village : une capacité de communication sans hostilité.
Keisan était un homme de justesse, et son éloquence faisait de lui un orateur hors pair. Il se distinguait assez aisément de la foule, attribuant une volonté bruyante de marquer un point de rupture entre ce qui fut jusque-là, et ce qui n’avait plus de raison d’être. Sans pour autant s’être concertés, les deux amis se jumelaient de leurs pensées, et sur les convictions des devenirs. Elles étaient assez éloignées, toutes ces heures de discussion amenée à discuter des origines et des actes passés. Les deux compères ne s’étaient plus vus depuis un petit moment. Et le borgne était devenu un homme plus qu’affluant au sein des institutions du village. Seijuro, lui, s’était contenté d’agir dans l’ombre, aux frontières de ce qu’il avait finalement toujours souhaité.
Le Kittodono souleva un aspect important, celui de la libre pensée et du libre pardon. Il ne soumettait aucune forme d’obligation, bien au contraire. Il imposait aux penseurs assemblés leurs juste-droits d’avoir un positionnement affranchi, une ligne de conduite sans coercition, ainsi qu’une prise de responsabilité sans astreinte. Car l’homme qui menait les débats n’était pas dupe, il avait probablement amené ses idées avec parcimonie, tout en ayant intellectualiser le carcan d’une grande partie de ceux qui constituait l’assemblée du jour : Les Kitto étaient pour la plupart d’entre eux, des pacifistes conservateurs, se confortant dans des positions à demi-mesure assumées. Oui, à n’en pas douter, la plupart de ces hommes n’étaient que dans l’asservissement de leur propre inertie. Changer la donne, et bousculer ces mœurs… Une bien périlleuse action.
Le petit homme prit de nouveau la parole. Il s’agissait de Seika Kitto, un jeune Chuunin du village. Son discours était empreint de beaucoup d’attentions envers la Prêtresse, et il se rattachait justement à une pensée très conservatrice des acquis sociaux. Son discours était intéressant, et sa prise de position assumée l’était encore davantage. L’intérêt d’une telle assemblée résidait exactement dans ce que cet homme soumettait au groupe, par sa prise de parole : chacun était en libre droit d’exprimer sa pensée, et de la partager quel que soit son grade, quel que soit son importance au sein du village. Il fut bientôt rejoint par un autre individu, dont Seijuro ignorait complètement l’identité. Les deux hommes semblèrent se solidariser à la Prêtresse, et ne souhaitant aucunement l’exclure du clan des Kitto tant que cette dernière n’aurait pas de procès. Il était notion de justice, d’égalité, et de nombreuses autres causes sociales. Leurs discours, bien qu’intéressants sur le fond, et bien que peaufinés sur la forme, ne purent que faire esquisser une grimace sur le visage du Seijuro. A ses yeux, ce mode de raisonnement était littéralement le problème du clan Kitto, et de leur désinsertion progressive au sein des structures. Il y avait toujours eu ce côté sûrement trop sécuritaire, et trop indécis de prendre des décisions fortes, de prendre des positions assumées, afin de bousculer les habitudes.
Certaines têtes se hochèrent en signe d’approbation des deux discours, comme se voulant rassurés par des propos moins déracinant. Quel était l’intérêt de vouloir pratiquer le procès d’une femme n’ayant commis aucun crime ? Elle n’était pas la responsable de la mort de ses fidèles, les seuls fautifs, ayant été ces mêmes hommes l’ayant trop aveuglément cru, jusqu’à en accepter le sacrifice le plus inutile de l’histoire du clan. Cependant, l’absence et la désertion de la Prêtresse à cette suite était problématique, confinant le clan dans un immobilisme profond, tandis que cette dernière ne souhaitait prendre responsabilité auprès des survivants, de la profonde stupidité de ses décisions. Finalement, son absence ne pouvait témoigner que de sa lâcheté, tandis que ces braves hommes tentaient encore éperdument de lui trouver des excuses.
Le Jônin Kitto écoutait en silence, attendant des réactions de ses confrères. Le petit homme continua son intervention, cette fois-ci en amenant une idée extrêmement paradoxale. Il n’était sûrement pas aux faits, car son discours contredisait les événements passés. Cependant, il attira l’œil de celui qui l’avait jusqu’alors considéré comme un homme parmi tant d’autre au sein du clan, car, il n’était peut-être pas seulement cet adepte de l’inertie. Soumettant ainsi au public, une possible nouvelle désignation d’un Hokage Kitto.
« Seika-san, c’est bien cela ? »
Il marqua un temps de pose. Adressant un regard à ses confrères, à qui il coupait probablement leurs intentions de prendre la parole.
« Que vous apporte le statut de clan ? Et à plus large titre, qu’apporte le statut de clan au village tout entier ? N’êtes-vous pas fatigué de ces conflits presque sectaires intramuros ? N’estimez-vous pas qu’il serait plus judicieux d’en finir avec la catégorisation ? Le passé est source de beaucoup d’informations, et vous n’êtes pas sans savoir que Chikara et Uzumaki se promettent de nombreux conflits, engendrant de nombreuses morts à chacun d’entre eux, tandis que les Kitto se sont toujours murés dans des silences trop pesants. Une période d’accalmie vous suffit-elle réellement pour vous laisser berner d’espoir qu’une nouvelle discorde n’éclatera pas dans un futur hypothétique ? La méfiance doit être de rigueur.
Quant à ce qui concerne la Prêtresse… »
Un nouveau temps de pause. Il fallait arrondir les angles.
« Il n’a jamais été question de lui mener un procès. Ses actions passées seront grâce de notre redevabilité envers elle. Mais de quelle preuve avez-vous réellement besoin, lorsqu’une femme désignée de son importance, emporte à elle-seule et sous sa seule décision, toute une partie de notre clan, se faisant complètement décimée par la suite, tandis que sa position suivante, n’aura été que de prendre la fuite ? Nul n’ignore les faits ici. Mais je n’approuve pas son procès, car elle n’est responsable que de ses choix, et sa culpabilité devrait suffire à nourrir les âmes en peine de nos défunts, sous son commandement. Elle n’est aucunement responsable des choix de ceux qui l’ont suivi. »
Il grimaçait encore à l’idée d’entendre « Shinji » comme étant le bienfaiteur de la paix à Konoha. Tout au plus, cet homme s’était dissimulé derrière un sourire de porcelaine, afin de ne pas assumer les traits de sa responsabilité. Et puis, où était-il désormais ?
« Un Kitto à la gouvernance du village entier ? Un nom précis vous viendrait-en tête, Seika-san ? »
Il y avait une forme de rhétorique. La question n’était pas tout à fait celle posée. La véritable question demeurait de savoir quel homme serait capable, et serait suffisamment désigné pour ainsi prendre la position de chef du village ? Les prérequis étaient ô combien nombreux, et peu d’hommes autour de l’assemblées pourraient se promettre à un tel titre. Kotaro ? N’était-il pas trop effacé pour demeurer convaincant à ce titre ?
Seijuro y voyait une candidature toute désignée, du meneur de danse, Kitto Keisan. Cet homme possédait de nombreux atouts en sa manche, et sa candidature politique était plus que séduisante. Il se savait soutenu par de nombreux hommes, et épaulé d’amitié par de nombreux clans. Il était un maillon du passé et du renouveau du clan. Pour autant, Seijuro le savait peut-être plus pertinemment que les autres ici… Keisan n’était pas homme à accepter de gouverner le village. Il était peut-être plus l’homme qui ferait d’un Kitto, le véritable prophète de la paix de Konoha.