La transformation [2/4]

Le Maître des Plaisirs
1

        La région montagneuse était à la fois superbe et terrifiante. La première nuit que dut passer l'androgyne à l'extérieur de son village ne fut pas des plus réparatrices. Pourtant épuisé par une très longue journée de marche, il avait pu voir au loin la forêt qui se dressait et les pentes abruptes se transformer lentement en longue vallée, puis en territoire forestier. La lune déjà haute avait forcée Raiko à s'arrêter et à piger dans ses réserves pour passer la nuit, une fois le camp monté. Difficile ensuite de s'endormir, car les bruits étaient étranges dans ce monde que le pauvre homme ne connaissait malheureusement pas. Difficile également de ne pas se réveiller avant le petit matin, tant l'inquiétude l'avait pris. Heureusement pour lui, depuis des années déjà, le proxénète avait appris à ne dormir que sur une oreille et à se réveiller au quart de tour. Aussi, le matin fut-il beaucoup moins rude qu'on aurait pu le croire... Quoique la longue journée de marche qui suivit fut pénible.

        Au deuxième soir, Raiko s'arrêta plus tôt et reposa ses pieds meurtris. Sales, fatigué et affamé, son sac devenait de plus en plus léger lorsqu'il avalait les vives qu'il transportait. Et prit cependant son temps pour admirer les montagnes et se prit à rêver d'être à la tête de son village. Après tout, Kumo était difficile d'accès et y faire un siège pouvait devenir presqu'impossible, avec ces murs naturels l'entourant.

        Au troisième matin, Raiko dut faire preuve de prudence en contournant un camp brigand devant. Le détour rallongea sa journée de moitié et il atteignit la forêt que très tard dans la nuit. Cette fois, il se convainquit qu'il n'en avait plus pour très longtemps. Après tout, il manquait autant d'eau que de vives et le pauvre homme était incapable de se débrouiller dans la nature, lui qui avait passé tout son temps au village. Toutefois, sa force de caractère et son égo surdimensionné lui permirent de passer la nuit sans trop souffrir. Raiko avait également froid, mais il ne s'autorisait pas à allumer un feu, de peur d'attirer quelconque bête sauvage... Voir pire, les brigands des montagnes.

Publié le 04 Mars 2015 vers 17h