Tu ne t’attendais pas à ce que ton arrivée chez lui ne cause autant d’agitation. C’est drôle, tu n’étais pas la seule à avoir une famille avec beaucoup d’énergie, même si sa sœur semblait encore plus excentrique que n’importe quel membre de ta famille. Tu restas là, gênée, ne sachant pas quoi répondre. Tu t’y attendais bien, ta proposition allait sans doute être vue comme un rendez-vous amoureux, c’était pourtant loin de l’idée de base, mais comment leur expliquer. Tu commenças alors à gesticuler légèrement.
« Non non, c’est pas que je m’intéresse… c’est juste que… tu n’es pas obligé d’accepter Hikaru-san, tu le sais hein ? »
Ta voix toute paniquée était ridicule. Il était amusant de te voir dans un tel état, toi qui étais d’habitude bien plus confiante. Néanmoins, à tes yeux ce genre de situation n’avait pas de quoi créer un tel engouement, deux années en arrière, tu n’aurais probablement rien compris à ce qui se passait. Tu ne comprenais même pas la signification « d’aimer » quelqu’un, alors un rendez-vous galant… Finalement, au vu de l’insistance de sa famille, Hikaru finit par accepter. Tu ne savais pas trop s’il le voulait vraiment où si c’était à cause de sa famille, mais bon, tant pis. Tu esquissas alors un léger sourire toujours aussi gêné avant de lui répondre.
« D’ici disons, trois heures à la fontaine de la place centrale ? Ça me laissera le temps de me préparer. Rassure moi juste, tu aimes autre chose que les ramens hein ? »
Ce n’est pas comme si la plupart de vos entraînements se terminaient déjà par un bol de ramen, ça aurait été dommage de réitérer la même chose ce soir. Tu attendis sa réponse avant de le saluer timidement lui et toute sa famille et de repartir là d’où tu venais. Bon, une étape de faite. Il ne te restait plus qu’à t’habiller convenablement. Mais c’était quoi « convenablement » ? N’étant pas une habituée des sorties, encore moins dans des restaurants assez luxueux, tu te retrouvais dans le doute quant à la tenue que tu devais porter. Tu y as réfléchis tout le long du chemin, ne pouvais-tu pas simplement porter tes habits habituels ? C’était risqué, surtout si Hikaru prenait la peine de s’habiller lui aussi. Finalement tu rentras chez toi en soupirant. Et tu tombas sur ta mère, visiblement encore étonnée de voir une triste mine sur ton visage.
« Pourquoi tu tires cette tête, il a refusé ? Tu sais ça arrive parfois que les gar… »
« Stoooooooop ! Il a accepté. Mais maintenant je ne sais pas comment je dois m’habiller pour aller dans un endroit pareil ! Toi qui à l’habitude, aides moi ! Ça fait des siècles que je n’y ai pas mis les pieds. »
Elle ne put s’empêcher de rire pour se moquer de toi. Tu paraissais comme une jeune fille qui découvrait la vie, et ses mots suivants n’allaient pas te plaire non plus.
« Tu sais, cette immense armoire remplie de vêtements que tu ne portes jamais ? Tu as tout ce qu’il faut la dedans. »
« Tu rigoles là ? Si je ne les portes pas il y a une raison ! On est pas à l’aise dedans, en plus je meurs de chaud et manque l’asphyxie à chaque fois que je les mets. C’est pas plus mal qu’on invite plus personne à manger d’ailleurs, ça m’évite de devoir les porter ! »
Et bien sûr, comme à chaque fois, tu finis par écouter les conseils de ta bien aimée mère. C’était agaçant de voir qu’elle avait toujours une solution simple à tout tes problèmes quotidiens. Bon, c’était en quelque sorte son rôle, mais plus ça allait, moins tu te sentais prête à être une « adulte », et le repas qui allait venir allait sans douter le prouver…
Tu passas bien une heure à essayer diverses tenues. Rien à faire, tu ne trouvais rien qui te plaisait. Au point même que c’est carrément ta petite sœur qui était venue te conseiller, enfin, plus se moquer de toi.
« C’est un dîner, pas un enterrement ! »
Puis la robe suivante…
« Bahahah, on croirait la vieille dame qui vit près de l’académie. »
Et une autre…
« Tu devrais songer à acheter tes propres affaires et arrêter de laisser maman les choisir, vraiment je pense que c’est pour notre bien à tous ici. »
« J’arrête, j’en ai MARRE. »
Tu poussas un looooong soupir avant de t’allonger sur ton lit, légèrement dépitée. Tu avais déballé la quasi totalité de ton armoire – découvrant par ailleurs des vêtements dont tu ignorais l’existence – mais tu ne trouvais rien qui te plaisait. C’était soit trop vieux ou trop pompeux. Plus d’une heure s’était déjà écoulée, et tu n’avais pas avancée d’un poil. Mais ta sœur, qui était aussi l’être le plus merveilleux que la terre n’est jamais porté, se décida à t’aider. Tu fus d’abord inquiète lorsqu’elle débarqua avec une paire de ciseau et du matériel de couture, mais tu n’eus pas le temps de dire quoique ce soit qu’elle avait semble-t-il tout prévu.
« File donc te laver, je m’occupe de tout ! »
« Je… D’accord, fais ce que tu veux. »
Devant son regard déterminé, tu ne te sentis pas de lui refuser cela. Tu n’attendais pas grand-chose, tu n’étais d’ailleurs pas au courant que ta petite sœur avait des dons de couturière mais bon… Ça ne pouvait pas être pire de toute façon. C’est une trentaines de minutes plus tard que tu débarques à nouveau dans ta chambre, et à ce moment là, la surprise est de taille. Ta sœur t’accueille avec un grand sourire et avec une robe dans les mains.
« Eiko ? Tu as réussie à faire ça en si peu de temps ? Et depuis quand tu sais coudre d’ailleurs ? »
« Baaah… Figure toi qu’à l’académie, on m’apprend à coudre dans les cours d’Irou, au cas où je n’ai plus de chakra tu comprends. Puis, puisque je suis condamnée à rester à la maison durant l’hiver chaque année, il à bien fallu que je me trouves une occupation... Bref ! Je t’ai transformé cette vieillerie en robe moderne en deux coups de ciseaux ! »
Bien plus courte et surtout plus ouverte, tu ne perdis pas de temps pour l’essayer. Bon, on ne dira pas que ça t’allait à ravir, du moins ça n’était pas ton avis. Ta sœur te trouvait ravissante mais il n’y avait rien à faire, ce genre de choses ça n’était pas pour toi. Tu poussas un nouveau soupir, il fallait vraiment que tu te forces à porter ce genre de chose ? Tu sentais déjà que tu allais étouffer la dedans. Alors que tu essayais de trouver une quelconque beauté à cette tenue ornant ton corps, ta sœur débarqua avec une paire de chaussure un peu particulière, sans qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche, tu exprimes déjà ton désaccord.
« Non ! J’ai dis oui pour la robe, j’ai dis oui pour le collier, oui pour le bracelet. Les talons c’est non, non, et encore non. Je porterais ce que j’ai d’habitude. »
« Maiiis, alleeez, ça va avec ta tenue, en plus j’ai du passer inaperçue dans le salon pour aller les voler à maman ! »
« Non ! Va remettre ça à sa place avant de te faire punir ! »
Bon, ce détail de réglé, tu étais fin prête. Tu te regardas encore deux trois fois dans le miroir en te demandant si ce n’était pas un peu trop. C’était certes un restaurant assez huppé, mais pour un repas entre ami.. ça te mettait définitivement mal à l’aise. Tu hésitas encore une fois à tout enlever et porter ta tenue habituelle, mais ce serait attrister ta pauvre sœur qui s’était donnée du mal pour toi. Il ne te restait plus qu’à attendre un peu avant d’aller rejoindre Hikaru. En descendant les marches tu ne passes évidemment pas à côté du commentaire de ta mère.
« Dites moi que je rêve ! C’est la première fois depuis 18 ans que je te vois ressembler à une dame. Êtes-vous sûr que c’est bien ma fille dans ce corps ? »
« Si Hikaru me trouve ridicule je vous le ferai payer cher à toutes les deux ! Tss, je prie pour ne croiser personne que l’on connaît. »
L’heure arriva finalement. C’est anxieuse que tu quittes ton domicile pour te rendre à la place centrale. Tu avais beau essayer de te rassurer, tu trouvais vraiment cette tenue inadaptée pour une personne comme toi, encore moins à ton caractère, c’est Hikaru qui allait sûrement être surpris lui aussi… Il n’y avait plus qu’à espérer que toute la soirée se passe bien. Tu arrivas d’ailleurs un peu en avance, il ne restait plus qu’à l’attendre, si il vient… Non, il n’oserait pas te laisser là toute seule !