La vie que je menais était éreintante. Je côtoyais sans cesse la déception comme si jamais rien de bon n’arrivait. Mon avenir se montrait prometteur, mais quelle saveur pouvait-il avoir en l’absence d’être qui nous sont chers ? Si je devais faire la rétrospective de toutes ces personnes éloignées, rien ne devrait me raccrocher à la vie. Mon père est mort face aux vampires et ma mère est souffrante depuis l’an dernier. L’apparition d’Oni-sama a été une bénédiction avant d’anéantir tout ce que nous avions construit. Les petites guerres internes du village n’ont fait que ressortir la noirceur des habitants du village. Hikaru n’y avait pas échappé et malgré mes efforts, il sombrait petit à petit dans la noirceur, changeant la couleur de son chakra d’un rouge flamboyant. Une particularité qui ne faisait guère douter quant à sa façon d’agir. J’ai fini par abandonner mes liens avec Oni-sama. Sans haine ni regret, j’avançais seul, gardant les mêmes objectifs. Père, Oni-sama, Hikaru, Kalia… toutes ces personnes disparues en oubliant tout ce que nous avions construit. Si seulement tout s'était arrêté là… si seulement.
Le pas lourd, vêtu d’une tenue noir sans mon fidèle kimono rouge. Je prenais le chemin du temple des prières. J’étais atterré par cette terrible nouvelle et j’étais incapable de m’en remettre. Malgré mes heures de recueil face à son cercueil, la prière et la méditation étaient mon seul échappatoire. Mon unique remède pour la souffrance. Chacun de mes pas me faisait souffrir, mon ventre se tordait dans tous les sens et mes larmes devenaient incontrôlables.
Étouffais-je sous mon écharpe. Tant bien que mal, je dissimulais ma souffrance aux yeux des autres. Cette situation m’obligeait à repasser à Uzume et à ce jeune Genin, Daiki. Deux grands shinobi à la sombre histoire. Tous les deux internés en psychiatrie, ils faisaient partie de ce que je considérais comme des échecs dans ma vie. Néanmoins, toutes ces personnes ne faisaient que rajouter de la souffrance à ce que je ressentais déjà. Wattan… toi qui a toujours été là pour nous, tu as donné ta vie pour protéger ce qui était cher à ton cœur. Loin des préjugés, je considérais ton choix comme louable et je suivais aveuglément ce que tu as commencé. Tu as décidé de protéger cette fille que beaucoup considèrent comme une traître. J’en ferais de même, si l’avenir m’en donne la possibilité.
Non loin du temple, je saluais quelques camarades présents lors des funérailles. Il n’était pas rare de voir des personnes se recueillir ici pour la mémoire des autres personnes disparues. La mort d’un shinobi réveillait toujours la douleur des autres frères d’armes perdus. Je rejoignais la stèle sur laquelle je m’apprêtais à me recueillir de longues heures. Assis en tailleur, je tenais encore cette même attitude de méditation. Puis je joignais mes paumes de main les unes contre les autres.
Pardon…
« Je refuse de croire que tu es morte en vain. Pardonne mon absence, je n’ai pas été suffisamment présent pour toi comme tu l’as toujours été. »
Frappant soudainement le sol, j'étais moi-même surpris par une telle réaction. Il fallait que je reprenne mes esprits et ne pas céder à la tentation de la colère. Les yeux de nouveau fermés, je collais fermement mes mains l’une contre l’autre.
« Où que tu sois, j’espère que tu es heureuse. Ta mémoire ne sera jamais perdue et j’y veillerais personnellement. Ce chemin que tu as suivi, je m’y attacherais coûte que coûte pour enfin comprendre la vraie nature de ton choix. »
Puis, alors que je terminais ma promesse, je posais mes mains sur mes genoux pour entrer dans une méditation pleine de sérénité. Même les plus sombres idées s’éloignaient de mon esprit… Wattan, nous ne t’oublierons jamais.
