« Comme je l’ai dis, c’est le travail qui me fait rester à Tsuyo. Je ne fais que suivre la personne qui m’emploie, et puisque cette personne vit ici… moi aussi. Ma présence est tolérée, mais je risque les mêmes choses que n’importe quel autre ninja si j’utilise mon énergie ici… »
J’avais un passe-droit, limité, mais tout de même. Nous n’étions pas nombreux à avoir cette chance, il fallait connaître les bonnes personnes, ou tout du moins susciter leur intérêt. Moi ? Je n’étais qu’un plus, je n’intéressais pas les hautes-statures de cette ville, la personne pour qui je travaillais en revanche…
J’esquissais un nouveau sourire après la petite confidence de Watanabe. Je me demandais jusqu’où cet homme serait capable d’aller pour ne passer ne serait-ce qu’une nuit en ma compagnie ? Bien que visiblement, il avait déjà des idées sur le long terme, aaaah, les hommes. Pour l’heure, il allait devoir languir encore un peu… Mon regard se porta alors à nouveau sur son partenaire de travail, qui ne semblait pas particulièrement apprécier le côté charmeur de son ami, ou plutôt, l’argent qu’il pouvait y perdre…
« Oh, un homme marié ? Intéressant… »
La dure vie de marchand itinérant… l’homme devait passer une bonne partie de l’année loin des siens, et tout cela sans céder au moindre plaisir ? Quel courage, je l’enviais presque d’être capable de faire la même chose. Ce qui, il faut dire, avait peu de chance de m’arriver. Je dénouais les liens aussi rapidement que je les créais. C’était mon truc à moi, le changement, la nouveauté…
« Tsuyo grouille de gens riches prêt à n’importe quoi pour acheter quelque chose d’un peu unique…
Vendez vos pièces en prétendant qu’elles sont originaires de je ne sais où et vous aurez écoulé votre stock en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « ouf ». »
Je riais alors aux éclats, venais-je de conseiller à deux marchands de tromper leur clientèle ? Parfaitement. Il faut savoir ce qu’on veut dans la vie, il voulait rentrer vite chez lui, je lui trouvais un moyen on ne peut plus simple.
« Enfin, je dis ça… vous faites bien ce que vous voulez, mais des pommes… Tsuyo en a tout le tour du ventre en cette saison. C'est d'ailleurs curieux de venir vendre ce genre de biens ici... Vous m'avez dis être marchands depuis longtemps ? »