La vie n’était pas facile ces temps-ci pour le Hattori, d’abord cette chienne de l’Empire, et maintenant il en était réduit à fuir pour survivre. Celle-ci l’avait bien trop amoché, bien que capable d’effectuer des mudras, il n’était pas en état de combattre qui que ce soit et le savait pertinemment. Il parvint à sortir des frontières kumojins non sans quelques frayeurs. Trop fier pour demander l’asile à qui que ce soit, il continua sa route en volant les vivres dont il pouvait avoir besoin. Sur son chemin, il apprit malgré lui la mort de Rihatsu Mariko, bien que cela ne le peinait qu’à moitié, la vieille avait son utilité et sa disparition allait être un coup dur pour son clan. Ils n’allaient pas tarder à s’entre-déchirer pour obtenir son héritage.
C’est ainsi que lui vint la merveilleuse idée de se rendre dans une ancienne planque qu’il avait déjà utilisé en compagnie de la défunte. Un lieu caché, à l’abri des regards indiscrets, et qui devait, selon lui, contenir de quoi se soigner et vivre un moment. Avec la mort de Mariko, Atsuro pariait sur le fait que les Rihatsu allaient être occupés ailleurs et que celle-ci allait être désertée.
Mais le monde était décidément contre lui. Après quelques jours passés là-bas, il se fit découvrir par un groupe de Rihatsu, qui visiblement, créchaient ici. Malgré ces quelques mois de repos, Atsuro était encore au mauvais état, son corps ne lui permettrait pas le moindre combat et il décida de se rendre, mais avec une idée derrière là-bas. Il demeura muet devant les interrogations des Rihatsu, pariant sur le fait qu’ils étaient trop à cheval sur la sécurité de leurs planques pour le tuer sans obtenir d’informations. Un pari risqué, mais finalement payant puisqu’il fut escorté non loin de Tekunoroji. En écoutant deux de ses geôliers parler, il comprit que les Rihatsu avaient été moins stupides qu’estimé. Leurs dirigeants ne s’étaient pas battus entre eux comme prévu, et leur commerce dans la cité était visiblement dirigé par quelqu’un d’autre.
Le Hattori patienta pendant plusieurs heures, l’on lui offrit à peine de quoi boire et manger, suffisamment pour qu’il survive, mais trop peu pour qu’il ne conserve son énergie. Il demeurait muet comme une tombe, jusqu’à ce qu’une femme arrive enfin accompagnée de l’un de ceux qui t’avait arrêté. Atsuro estima qu’il devait au minima s’agir de sa supérieure, et au mieux, de leur nouvelle patronne. Il se décida alors enfin à s’exprimer, redressant la tête, ses yeux jaunes portés sur cette femme plutôt jeune au regard sérieux.
« J’étais… une connaissance de votre ancienne patronne, Mariko. Nous avions travaillé ensemble par le passé et j’avais besoin d’un endroit sûr. »
« Je cherchais simplement de quoi me soigner, loin de moi l’idée de voler les Rihatsu, comment oserais-je ? »
Un semblant de sarcasme se laissait entendre dans le fond de sa voix. En dépit de son état le Hattori restait fidèle à lui même. À l’exception de la vieille, les membres de ce clan ne suscitaient que peu son respect. Ils étaient, pour la plupart, pas différents d’une bande de voleurs et d’escrocs. Mais ils avaient au moins le bon point d’être facilement manipulables, c’est là que la mort de Mariko lui donnait un avantage. Agitez une simple promesse de fortune devant leur nez et les Rihatsu suivraient, c’est du moins ce qu’estimait le Hattori.