Dans la gueule du loup

Il ne s’était écoulé que quelques jours depuis votre combat face au monstrueux Minashigo. Saori et toi aviez presque immédiatement prit la route pour Tekunoroji ensuite. Bien que salement amochée et à l’article de la mort à cause de ton usage excessif de chakra, la récupération dont tu avais fais preuve était prodigieuse, tu étais sur pied en un temps record. Était-ce ta méditation qui te permettait de renouveler ton chakra ainsi ou y avait-il autre chose ? Mais l’heure n’était pas encore d’aborder ce sujet… Il y avait plus important. Vous arriviez alors à quelques kilomètres de la cité lorsque tu arrêtas la marche.



Dis-tu en sortant un long cordage de ta besace. Tu jetas cette dernière en direction de Saori avant de te délester de tes armes que tu prenais soin de cacher discrètement aux alentours. Alors que tu revenais vers elle, tu ajoutas :



Si tôt ces mots-dit, tu lui tournas le dos et joins tes mains derrière celui-ci. Cela devait avoir l’air le plus crédible possible. Elle allait déjà devoir se justifier sur la manière dont elle était parvenue à te capturer vivante, par chance les quelques blessures infligées par le Minashigo étaient encore là. Ensuite, il allait falloir qu’elle se débrouille pour t’amener là où tu le souhaitais.

Après plusieurs jours de route, Saori et Kyoko étaient arrivées proches de Tekunoroji. Elle n'en savait pas plus que cela sur Kyoko, mais la Chikara se doutait, et avait plus ou moins vu, les capacités de la Kitto. Elle devrait alors inventer une histoire crédible pour justifier sa capture, sachant qu'elle n'était sûrement pas la seule à essayer ou à avoir essayer.



En soit, pour l'instant elle n'avait aucune intention de trahir Kyoko. C'était de loin la personne la plus intéressante que Saori ait rencontrée, et elle comptait bien savoir où tout ça allait la mener, même si c'était dans le mur. En tout cas, les cartes étaient dans ses mains de toute façon.



Saori avait déjà plus ou moins un plan. Plus ou moins car elle n'aimait pas ça, mais elle avait l'avantage d'être déjà venue ici et d'avoir déjà rencontré Howari. Enfin elle pensait que c'était le prénom de cette femme en tout cas : Howari. C'est de la part de cette personne qu'elle était censée se présenter à la chasseuse de Koya. Au final elle n'y avait jamais été, mais retenir ces informations a été précieux, enfin, la Chikara l'espérait.



Alors que la Chikara tenait Kyoko par ses liens en avançant vers Tekunoroji, et s'enfonçant de plus en plus dans la ville remplie de monde. Saori restait calme et toujours près de Kyoko. Elle cherchait simplement un point d'entrée. Bien qu'elle ait passé quelque temps ici, elle ne s'était pas mélée plus que ça des activités des Rihatsu. Soudain, à force de laisser traîner ses yeux dans la foule, elle vit un Rihatsu. Dans ses souvenirs elle l'avait déjà croisée plusieurs fois, mais Saori ne savait pas du tout si il avait un lien avec la confrérie, elle l'espérait en tout cas.



Saori n'avait aucune idée de la suite du plan, ni du grade qu'avait cette femme. Ce qu'elle savait c'est que ce serait plus facile d'arriver à ce que voulait Kyoko en passant par elle. Du moins c'était sa théorie.

L’homme que Saori venait d’aborder se retourna vers elles. Il les regarda de bas en haut avec un soupçon de dédain dans les yeux. Il connaissait visiblement le nom que la Chikara venait de prononcer, mais comme quelque chose de tabou, il prétendit le contraire :



Puis, il jeta un regard plus insistant sur la Kitto, elle qui semblait être dans un triste état, ou du moins feignait de l’être, semblait l’intéresser. Un sourire malicieux sur son visage, il ajouta :



Quelles que soit ses intentions, il connaissait bel et bien la dénommée Howari qui avait été mentionnée plus tôt, mais il n’était pas le genre d’homme à offrir des informations gratuitement. Typique des Rihatsu, ou du moins de ceux travaillant pour eux.

Elle ne savait pas qui était Howari au sein des Rihatsu, elle devait probablement gérer quelque chose d'important mais Saori n'avait pas la moindre idée de son niveau d'application. En revanche la Chikara se doutait que l'homme se fichait d'elle, alors elle sortit une petite bourse de sa poche et lui montra.



Il n'était évidemment pas question qu'elle se sépare de Kyoko. Mais elle n'avait pas spécialement de temps à perdre à errer dans Tekunoroji en cherchant quelqu'un, alors il valait mieux aller vite.

Soudainement, une main vint frapper derrière celle de Saori, faisant sauter en l’air la bourse qu’elle tenait dans ses mains. L’homme responsable de ce petit mouvement furtif rattrapa le sac rempli d’or et dit :



Lorsqu’il se retourna, tes yeux s’écarquillèrent. Tu ne t’attendais pas à le voir ici, pas après ce qu’il s’était passé avec Mariko. Bégayant légèrement, tu ne peux t’empêcher de montrer ton étonnement.





Te dit-il d’un ton qui n’avait rien d’amical. Il avait toujours dans la rancœur envers toi, il devait même profondément te haïr. Tu avais tué les siens, et notamment la vieille qu’il t’avait lui même présenté, une femme qu’il portait en haute estime. Finalement, tu restas silencieuse, le plan devait rester inchangé mais sa présence rendait les choses plus compliquées…

Itsuki les mena jusqu’à un lieu de la Kitto connaissait déjà bien. L’ancien manoir de Mariko. Le lieu avait été réhabilité par moi-même, aujourd’hui, chacun des miens avait droit d’y vivre et d’y profiter des luxes de la vie. Alcool, nourriture, drogues ou sexe… Tout était disponible à volonté. C’était ainsi qu’il aurait en être depuis longtemps ici, mon clan et ceux qui travaillent pour nous aiment particulièrement ce genre de chose. Qui plus est, une personne comblée est toujours plus facile à convaincre, une aubaine lorsque l’on marchande, non ? L’ambiance était au beau fixe, comme chaque jour depuis que j’avais rénové l’endroit, mais c’est alors que je me fis interrompre au beau milieu d’une partie de carte.



Je soupira un instant, mais puisqu’il s’agissait de lui, j’imagine que cela devait vraiment être important. Je le suivis et rejoins ces deux femmes dans le salon principal, très vite je me rends compte qu’il s’agit de Saori, la femme que j’avais embauché il y a peu, accompagnée de ce qui semble être sa prisonnière.



Lui dis-je alors que je me plaçais devant elle. Puis, mon regard se tourna vers la jeune femme ayant les mains nouées à côté d’elle. Son visage était plein d’écorchures tandis que ses vêtements étaient dans un triste état. Narquoise, je pensais doucement ma main sur le visage de celle-ci et je dis :



Je me mis alors à rire avant de me reculer de quelques pas pour aller m’asseoir sur mon siège, trônant au beau milieu du salon. Oui, j’étais une véritable reine ici. N’en méritais-je pas tant après tout ? Je me saisis d’une gourde avant de boire une profonde gorgée, puis je demandais à Saori :

D'un coup, un homme apparut, Itsuki était son nom si Saori avait bien entendu, elle n'avait strictement aucune idée de qui il était, mais au vu du visage de Kyoko, ,ce n'était sans doute pas la meilleure nouvelle qui soit. Mais bon de toute façon il fallait faire avec, il n'y avait pas spécialement de retour en arrière possible.

L'homme les emmena alors à ce qui semblait être un manoir dédié aux activités des Rihatsu, c'était un endroit pour le moins particulier. Il était plein de luxure, enfin, c'était un mode de vie tout autant particulier en tout cas. Et ce chemin à travers ce manoir les mena vers un salon, dans lequel Kyoko et Saori ont dû attendre un instant avant l'arrivée de Howari.

Maintenant, Saori n'avait aucune idée de la suite du plan et de ce que voulait en faire Kyoko, peut-être qu'elle aurait dû recueillir plus d'informations avant. Et puis de toute façon Kyoko était assez langue de bois quand elle le voulait. Saori espérait simplement que tout allait se dérouler tel qu'elle l'espérait. En tout cas vu le plaisir que prenait Howari, il y'avait clairement une sale histoire derrière tout cela.



Elle allait juste se comporter normalement pour l'instant, elle verrait bien ensuite.

Dis-je alors. La jeune femme n’était pas très loquace, je pensais pourtant avoir fait bonne impression auprès d’elle lors de notre rencontre. La gamine qu’elle m’amenait ne me disait rien, ou peut-être… ? Était-ce possible ? Très vite, mes doutes se confirmèrent lorsque Itsuki prit à nouveau la parole :



Je penchais alors la tête sur le côté, puis poussais un simple son signifiant mon étonnement avant de me mettre à rire.



J’adorais ce genre de surprise ! La fameuse Kitto, un sujet dont les autres Rihatsu n’ont de cesse de me rabâcher. Les miens la voulait morte bien sûr, une fin douloureuse pour celle qui avait sciemment trahie notre clan qui lui avait offert bien plus qu’elle ne le méritait. Itsuki m’avait raconté leur petite histoire à Koya. Plutôt charmante d’ailleurs, qui eut cru qu’une Konohajin finirait par tomber amoureuse de l’une des nôtres ? Quel cruel destin qu’elles aient du être séparées.





Réagis aussitôt Itsuki. Lui avait une haine terrible envers la Kitto. Il lui avait tout offert, une place parmi les siens et le rôle d’un véritable grand-frère. Mais la Konohajin avait reniée tout cela, tout comme elle avait reniée les siens par le passé. À quoi s’attendait-il après tout ? Une traîtresse reste une traîtresse. Moi ? Je m’en fichais éperdument. J’étais persuadée que la Kitto n’avait rien contre notre clan et que c’était finalement l’un des plans de la vieille qui s’était enfin retourné contre elle. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle le méritait mais… bref. Je devais malheureusement écouter les miens, ce qui est dommage, j’aurais apprécié travailler avec une jeune personne talentueuse comme elle.



N’était-ce pas là le plus important dans l’histoire ? L’argent, toujours l’argent. Je dois admettre que cette femme est plutôt surprenante. Moi qui la prenait pour une vulgaire mercenaire de bas-étage, il semblerait qu’elle était un peu plus que cela. Malgré cela… quelque chose me tracassait, un pré-sentiment que quelque chose n’allait pas. Peut-être était-ce simplement les vapeurs d’opium qui me jouaient des tours après tout.

Elles ne se connaissaient pas ? Saori aurait pu jurer qu'au vu de sa réaction elles se connaissaient. Enfin, Howari avait l'air d'être celle qui gérait tout ici, alors pourquoi Kyoko lui avait demandé de l'emmener ? Pas grand-chose ne faisait de sens, pour l'instant en tout cas. Au moment où elle allait expliquer qui était Kyoko, Itsuki le fit pour elle. Et cela sembla ravir au plus haut point Howari.

Il y'avait une sorte d'ambiance de vengeance, certes, mais peut-être plus que ça en vérité. Itsuki n'était pas dans le simple état d'esprit de la vengeance, son regard transpirait l'envie de la tuer. Cette Mariko devait avoir une importance faramineuse au sein des Rihatsu.



Saori mettait à sa disposition ses meilleurs talents de comédienne en ayant l'air touché par la perte d'un proche, qui n'existait pas. Mais en tout cas elle savait que les meilleurs mensonges étaient de la vérité enrobée, alors elle n'allait pas se gêner.



Ca en revanche c'était totalement vrai. Elle avait développé cela très tôt et donc aujourd'hui on ne pouvait pas dire qu'elle excellait, mais on pouvait dire qu'elle avait de.. bonnes ressources en la matière. Mais elle devait avouer qu'elle aurait préféré une autre tâche que chasser des écureuils imaginaires.

J’avais toujours besoin de personnes prêtes à tout. Une Konohajin qui n’avait aucun problème à chasser ses semblables m’était d’autant plus utile. Ce village d’idiots avait au moins le mérite d’entraîner correctement ses ninjas il faut croire. Mon regard se tourna alors vers la prisonnière qui se tenait silencieuse depuis le début de la conversation.



Le village de la feuille avait beau être au bord du gouffre, j’étais prête à parier qu’ils seraient prêts à beaucoup de concessions pour récupérer cette fille. Si Itsuki m’avait correctement informée, en plus d’être une déserteuse, elle était la fille d’une femme assez importante chez eux. Nous devrions clairement en profiter, échanger la Kitto pourrait mettre fin à une guerre inutile tout en nous offrant de nombreux avantages. En revanche, je savais que convaincre le reste de mon clan serait difficile. Je devais encore peser le pour et le contre quant à ce qui m’apporterais le plus de choses dans cette histoire.

Soudainement, tu déchiras les cordages qui maintenaient tes mains à l’aide de ton raiton. Ta maîtrise aujourd’hui était-elle qu’il ne t’était plus nécessaire d’effectuer des mudras pour des techniques de base. En outre, nouer tes mains était insuffisant pour espérer te garder prisonnière, mais cela, le commun des mortels l’ignorait.
Les gardes réagirent aussitôt à ce qu’ils virent comme une menace. C’est alors que tu dégageas une violente vague de foudre qui fit le tour de la pièce, faisant voler la poussière, virevolter le papier qui se trouvait là, décrochant les lustres et allant même jusqu’à briser les vitres sur son chemin tout en vous débarrassant des éventuels gêneurs un peu trop proches et bien trop faibles pour te résister. De petites flammes blanches commencèrent à prendre forme un peu partout où la foudre avait frappée tandis que les gens situés un peu plus loin observaient la scène, effrayés.



Dis-tu bien calmement pendant que la poussière retombait sur le sol. Tu n’affichais pas une once de panique, pas même dans un lieu où tu étais entourée d’ennemis. Tu ne voulais pas aller plus loin, tu espérais simplement qu’ils ne te forcent pas la main et se montrent raisonnables. Tu n’avais pas prêté attention à Saori, tu pensais qu’elle devait bien s’attendre à une réaction de ta part…

Alors que je parlais, la Kitto sortit soudain de son silence pour s’adresser à Itsuki. Elle clamait son innocence, ou plutôt qu’on lui ait forcée la main. Elle regrettait visiblement d’avoir causé du tord à un ami, mais n’émettait aucun remord à l’idée d’avoir tué la vieille. Elle avait donc eu besoin d’elle ? J’étais curieuse de savoir pourquoi. Mais tout à coup, la Kitto prit un autre ton tout en s’adressant à moi. Elle voulait me parler disait-elle ? Sans doute voulait-elle négocier sa survie.



Je n’émis qu’un simple son, et je n’eus qu’à peine le temps de comprendre ce qu’il se passait que la Kitto se libéra subitement, mes hommes tentèrent de réagir mais la prisonnière semblait avoir tout prévu. C’est alors qu’Itsuki cria dans ma direction :



Mais je n’eus pas le réflexe de réagir, j’étais un peu rouillée il faut croire, je ne m’attendais pas à être menacée au beau milieu de chez moi. Itsuki se jeta sur moi, m’emmenant au sol tandis que la Kitto grillait les environs. Bien que je crois qu’elle ne me visait pas directement, je devrais sans doute le remercier pour cela, mais pour l’heure il y avait bien plus important. Alors que je me relevais, je cherchais la Chikara du regard et lui dit :