Alors que je rampe, je me vide de mon sang et je souffre sans grimacer. Le Hattori n’était pas revenu à la charge, peut-être étais-je parvenu à l’avoir… Pauvre garçon, une nouvelle victime dans une guerre qui ne le concerne qu’à peine. Il était punit pour les erreurs de ses ancêtres, sacrifié sous prétexte de défendre sa patrie…
Mais à quoi suis-je en train de penser ? Mon esprit est troublé, je ne parviens pas à comprendre si c’est du à ce maudit poison ou si c’est l’approche de mes derniers instants qui me fait y voir plus clair… Je sens mon corps se déchirer intérieurement, et j’ai l’impression que ramper ne me mène à rien, je ne sais pas ce que je fais, je suis complètement perdu. Pourtant, je persévère, mais pourquoi est-ce que je m’inflige cela ? Pourquoi ne pas simplement accepter la mort ?
J’eus soudain un flash, une vision, un souvenir d’une vie que j’avais moi même oublié. Je n’avais pas toujours été ce monstre sanguinaire, autrefois je n’étais qu’un gamin ordinaire, ayant une vie ordinaire. J’avais une famille, des parents, une sœur et un frère. J’étais quelqu’un. Nous vivions paisiblement avant que cet être ne me change pour l’éternité. Celui que j’étais mourus alors et avec le temps j’avais préféré oublié. J’ai regardé ma famille vieillir alors qu’ils me pensaient mort, j’ai regardé ma sœur et mon frère vivre, fonder leurs propre famille avant de trépasser à leur tour… J’étais… impuissant, terrifié de la chose que j’étais devenu. Mais aujourd’hui je regrette, j’aurais du leur parler, ne serait-ce qu’une dernière fois. J’ai choisis le contraire, j’ai choisis de devenir cet être arrogant, je me suis volontairement créé un masque car la vérité était trop dure à supporter. Et quand je pense à tout ces humains qui recherchent l’immortalité, je me dis qu’ils ne comprennent pas à quel point il s’agit d’une malédiction. J’ai 434 ans, et pourtant, j’ai passé la quasi totalité de ma vie seul, à nier qui j’étais vraiment. Mes congénères se mentent à eux même tout autant que moi, cette vie n’est pas une vie. Et honnêtement ? Je ne souhaite cela à personne. Dans un ultime effort, je me retournais sur le dos, les yeux rivés sur le ciel et un léger sourire sur mon visage.
« Ahahah… Ahahah… Sale gamin arrogant. »
Me disais-je à voix haute. Pour la première fois depuis plus de quatre cent années, j’étais moi même. Observant les nuages, je me rassurais. Je mourrais ici, mais au moins je n’aurais pas à vivre l’Enfer en personne. Car… c’est ce qui attendait ces gens. Je vous souhaite bien du courage, Kumojins. Subitement, comme si quelque chose venait de me piquer en plein cœur, ma vie s’éteignit. Mais pour eux, ce n’était que le commencement. Notre attaque allait leur montrer que cette invasion n’avait rien d’ordinaire. Que pour beaucoup, ce combat serait le dernier.