« Cela ne nous avance guère. Néanmoins, se pourrait-il que l’individu mentionné soit la personne que tu comptais chercher, Atsuro ? »
Me demanda la Rihatsu. La Chikara ne nous apportait rien de concluant, comme attendu. Nous n’avions pas d’autre choix que de laisser les choses se faire en attendant d’avoir l’opportunité d’agir. Toutefois, il est vrai que laisser toute une partie de notre avenir sur les épaules d’une nukenin droguée était loin d’être une situation avantageuse. De mon côté, je préférais faire un pari plus sûr, quitte à devoir me sacrifier…
« Peut-être, mais si elle est si forte que vous le dites je peine à croire que cela soit la seule raison, cela expliquerait son style de combat certes, mais aussi fort soit-il, le Raikage ne peut transformer une Kitto en machine de guerre. »
Même les enseignements du meilleur des shinobis ne pouvait changer ce fait. La fille était une Kitto, son âge, ses capacités et sa progression estimée ne concordaient pas avec celles des autres individus de son clan. Un Chikara aurait été moins étonnant, ce clan était plus prédisposé que les autres à utiliser le chakra, les Kitto dont la plupart étaient à l’instar des Rihatsu de banals civils, n’étaient pas de ceux connus pour accomplir de telles prouesses. Selon ce que nous savions, la jeune femme était capable d’utiliser le Katon Shiro, un mélange avancé du raiton et du katon. Ce simple fait indiquait clairement un haut niveau de maîtrise que l’on ne retrouvait que chez de rares individus.
« Hokage, Raikage, le Gouverneur… je dois reconnaître que la gamine sait choisir ses mentors. »
Lançais-je amusé. Mais très vite, mon visage perdit ce sourire que je portais depuis le début de la rencontre. Je vis Nora sortir deux petits objets de sa poche, ressemblant à d’étranges capsules avant qu’elle ne s’adressa à nouveau à Saori :
« L’heure tourne, ta fenêtre pour nous tuer est bientôt finie, d’ici quelques minutes les autres Rihatsu viendront pour assister à la réunion. Tu dois partir. »
Elle marqua une courte pause avant de tendre l’une des capsules en direction de Jugo. Ce dernier hésita un instant avant de prendre cette dernière dans sa main de géant.
« Tss… Tu es sûre de ton coup au moins ? J’aimerai en finir le plus dignement possible. »
« Concentré de Poison Hattori, ce sera rapide et indolore. Doutes-tu de mes capacités en la matière, Jugo-san ? »
Lui répondit Nora avec un grand sourire qui me surprit au point de me rendre presque larmoyant. C’était la première fois depuis plus d’une vingtaine d’années que je la voyais sourire ainsi. Finalement, n’était-ce pas plus mal d’en finir maintenant ? Avant que le monde ne s’écroule complètement ? Les Rihatsu laissaient derrière eux un héritage précieux et peu seraient ceux ayant conscience des sacrifices consentis pendant toutes ces années. Elle s’adressa alors à nouveau à Saori :
« Continue à jouer ton rôle, mercenaire. Lorsque tu comprendras tout ce qu'il en est, je suis certaine que tu sauras prendre la bonne décision. »
Sur ces derniers mots, la Rihatsu ingéra la capsule, et à son tour Jugo en fit de même. Ils étaient en train de se suicider devant nos yeux, pour que la Saori puisse poursuivre la mission comme prévu. J’étais réticent à cette idée, mais je crois qu’ils étaient tout les deux fatigués de ce combat. Ils avaient au moins pu choisir quand, où et avec qui ils voulaient mourir. Quant à moi, je perdais plus que des alliés, ces deux-là étaient mes amis. C’est pourquoi les dernières paroles du vieil homme ne manquèrent pas de me pincer le cœur, à moi qui me pensais de marbre.
« Tu as été comme un fils pour nous, nous avons été heureux de te compter parmi nous. »
Avant que je ne puisse réagir, ils s’écroulèrent tout les deux devant nous. Bien que je savais que nous devions rapidement passer à la suite, je ne pus m’empêcher de rester silencieux quelques secondes. Puis, sans le moindre mot, je me dirigeais vers le cadavre de Jugo, j’extirpais alors de son doigt un anneau, sûrement fait d’un or plus pur qu'on ne pouvait l’imaginer, avant de balancer celui-ci en direction de la mercenaire. Un paiement, suffisant pour vivre une vie tranquille pour le restant de ses jours.
« Si tu veux fuir et disparaître à tout jamais, fais le maintenant. Mais si tu tiens à continuer, je te préviens, la suite risque d’être désagréable… »