Le silence pesait dans la pièce, le thé reposait encore dans les tasses, attendant d'être dégusté tandis que Sayori et Kano échangeaient des regards empreints d'une émotion profonde et nostalgique.
Même si Sayori désirait du plus profond de son être de partir à la conquête de nouvelles terres, la vieille dame resta songeuse à cette idée. Partir loin d'ici et abandonner des années de travaille ? Des années de paix, malgré les quelques bandits qui ne sont que de passage ?
Sayori baissa les yeux un instant, cherchant les mots pour exprimer ce mélange complexe de douleur et d'espoir qui l'habitait.
« Kano, l'idée d'un refuge pour notre clan est tentante. Mais est-ce bien réaliste malgré tout ? Comment pourrions-nous être sûrs que cet endroit sera différent des plaines que nous connaissons ? »
La femme, plus qu'âgée, ne se sentait la force de devoir trouver un nouvel environnement où y vivre pleinement ses derniers instants. Mais après bref réflexion, la jeunesse, elle, pouvait encore traverser et parcourir ce long périple houleux de danger, mais potentiellement plus saint de ce qu'offre désormais les plaines d'Hana.
Sayori releva les yeux, cherchant la conviction dans le regard de Kano.
« Comment en sommes-nous arrivés là, Kano ? Comment cette situation a-t-elle dégénéré à ce point ? »
Mais mes pas résonnaient soudainement, apparaissant telle une petite sourit derrière celle qui fut ma nourrice autrefois. Laissant échapper un long soupire :
« Les conflits entre les nations se sont intensifiés Sayori-chan. Les territoires sont devenus des enjeux politiques et nous, pris entre ces forces, en avons subi les conséquences. Mais nous ne sommes pas condamnés à être des pions sur leur échiquier. »
L'hôte de la maison acquiesça, ressentant le poids de mes paroles.
« Tu as raison ma petite Shonnin. Je veux croire en cette possibilité de renouveau pour notre clan. Mais qu'en est-il des souvenirs, des liens avec cette terre ? »
Shonin esquissa un léger sourire, empreint de nostalgie.
« Les souvenirs, eux, voyageront avec nous. Et les liens, ils se renforceront dans l'épreuve. Notre force réside dans notre capacité à nous adapter et à persévérer Sayori-chan. »
« Je ne souhaite plus que notre clan soit victime du jeu auquel s'apprêtent les grandes nations. Nous avons déjà tellement souffert... Peut-être est-il temps de parcourir les terres pour de nouvelles horizons ? »
La femme fixa longuement le contenu liquide de sa tasse de thé avant de reprendre la parole.
« Soit. Qu'il en soit ainsi. Je vais rassembler les anciens de ce village et sa jeunesse. Il est plus que temps de mettre un terme à cette tiranie du sort et de protéger ceux que nous pouvons et aimons. »
« Entendu, Sayori-chan. »
« En revanche, entendez bien jeunes gens que je ne serais de la partie. Et il en sera certainement de même avec les femmes et les hommes de ma génération. Je veux protéger mes précieux souvenirs ici coûte que coûte. Comprenez-le mes enfants. »
J'étais plutôt triste en entendant les dernières paroles que Sayori nous partageait au sujet du clan. Il fallait s'abstenir de vouloir à tout prix emmener la vieille femme, c'était son choix et je voulais plus que tout le respecter même s'il me déplaisait.
« Si tu changes d'avis Sayouyou, fais le moi parvenir. Tu sais que tu comptes énormément à mes yeux. »
« Je ne te souhaite aucune fin tragique, Nounou. »
Je me tournais vers mon camarade en espérant qu'il puisse convaincre la seule vraie famille qu'il me reste. Mais ce n'était plus le moment à l'instant présent. Il y avait de nombreux préparatifs pour rassembler un maximum de membres restant, encore une fois.