Cette fois, lorsqu'elle lui annonça que ce qu'il avait fait était bien, il ne criait pas victoire trop vite. Il ne devait se permettre plus aucune déconcentration, tant que cette souris n'était pas sauvée. D'autant plus que maintenant, il rentrait en terrain inconnu, ignorant s'il était réellement capable de soigner une telle blessure, mais sur une souris ? Sur un humain, il savait qu'il n'y serait pas parvenu, risquant même d'aggraver son cas, mais sur une souris ? Il ne savait pas trop, et sa sensei ne lui avait pas donné plus d'indication que cela. Voulait-il qu'il constate cette réponse par lui-même ? Si c'était le cas, il espérait apprendre qu'il en était capable !
Hochant simplement la tête, il s'exécutait.
Ses soins commençaient, et étrangement Kano avait l'impression qu'il commençait à être habitué à utiliser ses techniques sur des petits corps, comme ceux des souris. Alors certes, ce n'était pas parfait, mais il se débrouillait plutôt bien. Et son soin fut un succès, puisque les lésions causées par l'aiguille venaient d'être résorbées par le chakra de l'apprenti médecin. Cette souris était hors de danger, et ce coup-ci, un grand sourire apparut sur son faciès.
« J'ai réussi ! Elle est sauvée ! »
Plus que la réussite en elle-même, savoir qu'il avait pu sauver cette vie l'avait rassuré dans ses capacités. Encore une fois, ce n'était qu'une souris... mais à force d'entraînement et de pratique, il sera plus tard capable de faire de même avec des hommes. Peut-être pas en situation réelle, vu qu'il gérait encore mal ses émotions... mais ça viendra pour lui, il en était convaincu. Après tout, il avait la meilleure des senseï pour lui apprendre ! Après son sourire, il lâcha un soupir, des premiers signes de fatigue apparaissaient déjà. Beaucoup de techniques avaient été utilisées par le médecin, et sentir ses signes de fatigue ne lui plaisait guère. Il essayait de ne pas les montrer, pas tout de suite. La finalité de leur entraînement était de voir si Kano était capable de contrôler son chakra, et d'accueillir le sien. Il voulait dépasser ses limites, et donc éviter de flancher face à un manque de chakra. Il avait encore de quoi faire, si bien qu'il gardait pour lui cette lacune.
Le jeune médecin attendait les directives, et elle lui expliqua qu'ils allaient faire le dernier test de la journée. Cela était passé si vite... et pourtant.
« Aight ! Dites-moi ce que je dois faire ! »
À ses paroles, elle défit un bandage au niveau de son bras gauche. Et il vit quelque chose qu'il n'aurait pas pu imaginer. Son bras était loin d'en être à sa première blessure... la peau était craquelante, brûlée de toutes part... que lui était-il arrivé ? Non seulement l'état de son bras faisait froid dans le dos, mais aussi... ne pouvait-elle pas en guérir ? Le Chikara avait du mal à imaginer la meilleure Eisei-nin de ce monde avec une blessure qu'elle ne saurait guérir. Même si le tout était cicatrisé, n'avait-elle pas le moyen de faire retrouver à son bras son aspect d'origine ? À moins qu'il ne s'agisse d'une décision personnelle... ? Il l'ignorait.
Ce qui lui fit également froid dans le dos, c'était de voir la suite.
« A... Attendez, Kazam... ! »
Il n'eut pas le temps d'intervenir, alors qu'il s'était approché d'elle. Un scalpel en main, elle s'était entaillée tout son avant-bras. Le sang coulait, se répandant sur le sol de la salle, ainsi que sur sa peau meurtrie. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Ce n'était pas qu'une simple coupure sur un doigt, là on parlait de toute la longueur de son avant-bras...
Elle voulait qu'il le soigne ? Du calme, du calme... Il fallait qu'il se calme, elle ne l'avait même pas prévenu ou autre avant qu'elle ne fasse ça, ce qui avait accentué la pression instaurée. Il devait se calmer. L'apprenti de Kazami se tapait légèrement les joues, puis s'approchait d'elle.
Il prit le temps d'analyser, avant toute chose, l'étendue des dégâts. Aucune artère de touchée, seulement cette sale entaille donc... Il ne devait que résorber la plaie. C'était donc dans ses cordes... Et de plus près, il put voir à quel point son bras avait été affecté. Qu'est-ce qui avait bien pu lui infliger ça.
L'adolescent commençait petit à petit à reprendre ses esprits, alors qu'il commençait à effectuer ses soins. Seulement, ses soins ne fonctionnaient pas entièrement, en l'état. Pourquoi ? Sa peau... éprouvait des difficultés à se cicatriser. Ce qu'elle avait subit en était la cause. Du coup, le garçon se retrouvait dans une situation où le stress montait de plus en plus. Il ne pouvait décemment pas ne pas réussir, et pourtant il se retrouvait coincé, comme si sa technique ne suffisait pas. Kazami lui avait fait confiance sans doute, en se blessant ainsi. Elle comptait sur lui pour la guérir. Alors, pourquoi n'y arriverait-il pas ?
Kano respirait de plus en plus fort. Et s'il n'y arrivait pas ? Il ne voulait même pas y penser. Du calme, il devait reprendre son calme. Il y avait dans son entraînement d'aujourd'hui la solution à son problème. Lorsqu'il a anesthésié la souris, il avait du utiliser plus de chakra pour couvrir une plus large zone, et augmenter la durée de cet effet. Pourquoi ne pas faire pareil ? La peau prenait du temps à se cicatriser, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas la soigner. Il devait simplement surpasser sa technique. L'ennui, c'est qu'il avait senti sa fatigue. Y arrivera-t-il ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.
Prenant une grande inspiration, le Genin augmentait progressivement la quantité de chakra employée, pour la guérison de son bras. Dans la finalité, il se retrouvait avec une quantité de chakra plus importante que ce que lui demandait la technique à l'origine, prenant sur lui et serrant les dents. Ses bras et son corps le faisaient souffrir. Le voilà, le véritable exercice... C'est maintenant qu'il devait tout donner.
Après un bon moment, il s'essoufflait, et puisa dans ses dernières réserves pour finir le travail. Elle était soignée, finalement. Mais il avait été obligé d'atteindre ses limites, et là, il ne pouvait plus le cacher.
« J'ai... J'ai... ça y est... fiouu... »
Il observait sa sensei ensuite, attendant de voir sa réaction. Lui-même était mitigé, mi satisfait d'avoir réussi, mi agacé d'avoir atteint sa limite aujourd'hui. Il allait sérieusement devoir travailler dessus, dans les jours à venir. Mais si c'était le dernier test d'aujourd'hui, alors ça voulait dire qu'il avait tenu bon pour cette première journée.
En la regardant, il ne pouvait s'empêcher de poser une question qui lui brûlait les lèvres, entre deux soupirs.
« Votre... bras... que vous est-il arrivé... ? »