Fixant son interlocutrice sans rien dire, Masaru resta interdit quelques longues secondes. Il l'avait réellement dit à voix haute ? Décidément il avait perdu l'habitude de vivre en communauté pour se mettre à parler tout seul... Désormais il n'était plus possible de faire demi-tour, il l'avait dit, elle l'avait entendu et elle avait proposé de rester avec lui, au moins le temps de reprendre ses repères.
Ne pouvant refuser une main tendue, la première depuis toujours, l'ancien Gaikotsu n'était pas non plus certain de pouvoir accepter. Il n'était pas sûr de savoir ce dont il avait besoin pour avancer, comment pourrait-elle lui apporter quoi que ce soit dans ces conditions ? Au fond de lui deux pensées opposées le tiraillaient : d'un côté il espérait qu'un regard extérieur et sans a priori sur ses travaux l'aiderait peut-être à aborder son problème d'une autre façon, et de l'autre, il redoutait de s'ouvrir à nouveau à quelqu'un d'autre de peur d'être à nouveau rejeté.
Elle lui demanda alors ce qu'il en pensait, le forçant à répondre et donc à prendre une décision. Réfléchissant à toute allure, il espérait, sans trop y croire, que Kiyo ne verrait pas les signes de stress le trahissant, à commencer par quelques gouttes de sueur perlant sur son front. Relâchant la pression d'un soupir salvateur, Masaru prit finalement sa décision.
« Et bien pourquoi pas, je te prends à l'essai, on verra bien ce que sa donne. Commençons déjà par sortir de ta cellule. »
Ce fut sur un sourire faussement décontracté que Masaru prit sur l'épaule l'homme encore vivant et ouvrit la marche pour sa compagnonne. Il la surveillait du coin de l’œil pour voir si elle arrivait à se déplacer sans problèmes, après tout son réveil était encore récent et ses forces pourraient bien décliner rapidement... ou sa soif de sang revenir.