Kimino se trouvait debout au milieu de notre salon. Je pouvais voir dans son regard qu'il était en train de s'effondrer intérieurement. Les cernes qu'il arborait désormais depuis plusieurs semaines n'étaient pas anodins. Il était demandé sur de trop nombreux fronts, j'étais en partie responsable de cela puisque ma grossesse m'avait amené à reconsidérer mon statut de Hokage durant plusieurs moi, et bien évidemment, en mari aimant, il avait accepté la charge supplémentaire que lui incombait la gestion des Kirishitans. Cette grossesse était compliquée, considérée à risque pour moi et pour l'enfant. D'ailleurs, il était agité, trop agité, il ressentait mes états d’âmes trop intense depuis ce début de journée. La douleur abdominale que je ressentais actuellement était d'ailleurs trop semblable aux nombreuses autres que j'encaissais depuis le plusieurs mois... J'avais hâte que cela se termine...
Kimino me sortait le joli discours, m'expliquant qu'il n'avait pas voulu frapper pour tuer ou blesser, simplement pour réprimander. C'était le genre d'information qui m'importait peu, et tout comme j'avais expliqué à Seîto, j'allais devoir le faire assimiler au rouquin Hokage. Lui aussi était un shinobi, mais plus que cela, il représentait la plus haute forme d'autorité du village et chacune de ces actions étaient scruté par son peuple. Il n'avait pas le droit de fauter, son symbole était-elle que la moindre erreur lui était impardonnable... Et ceci, il devait le comprendre, tout autant que le gamin en chaise roulante l'avait assimilé...
« Qu'est-ce que tu t'imagines Kimino ? Hein ? Une correction n'amène pas un genin aux portes de la mort ! Une correction ne détruit pas le futur, mais permet de le faire grandir ! Tu es un symbole important du village ! Tu as fauté dès l'instant où tu n'as pas su gérer ta puissance et estimer la faiblesse de ton adversaire ! Tu étais en droit de le réprimander, pas de la condamner ! TOUT les regards des villageois sont constamment tourné vers nous, Hokage, et ce que le peuple souhaite, c'est un leader puissant pour les protéger, mais avec suffisamment de contrôle pour ne pas te craindre ! Offre leurs la peur et ils t'écouteront, offre leurs le respect et ils te suivront Kimino ! »
Ma douleur au ventre s'accentuait en harmonie avec ma colère grimpante. Mais, je n'écoutai pas mon corps. J'étais la guerrière aveugle, celle qui combattait, celle qui ne craignait pas la douleur, celle qui restait debout même sous le poids de la souffrance. Non, un ventre douloureux ne viendrait pas mettre un terme à cette conversation.
Je me redressai du canapé sur lequel j'étais posé. Lorsque je me mettais en colère, j'étais incapable de rester statique, je devais bouger, prendre possession de l'espace !
« Les Konohajins est ton peuple... Notre peuple désormais ! Pose toi la question de pourquoi les Kirishitans sont ce qu'ils sont ! NOUS avons survécu en mer, eux et moi, nous avons survécu sur une nouvelle terre, NOUS avons conclu un accord avec Konoha ! NOUS ! Je n'étais pas que leurs Cheffe, j'étais celle qui les écoutaient, celle qui les connaissait, celle qui pleurait avec eux, celle qui combattait à leurs côtés ! Je leur offrais qu'une seule chose: ma reconnaissance ! Comment penses-tu qu'un peuple peut réagir lorsque l'un de leurs mioches, qui plus est Shinobi, qui représente la relève militaire se retrouve mit à terre par leur leader ? Hein ? Ils se mettent à douter, à comploter, à discuter ! TU leur a offert la possibilité de devenir ingrats et hypocrites, TOI ! Un gamin tombe à terre sous ta main ! Ce sont deux symboles importants qui rentrent en conflit ! »
La douleurs augmentait sans cesse, au même titre que l'intonation de ma voix. J'étais en colère, tellement en colère contre l'acte de mon mari. Lui voyait une punition, moi je voyais un excès... Un village ne pouvait naviguer entre deux eaux troubles... Konoha n'était pas une dictature et il semblait plus qu'évident que des sanctions allaient devoir être prononcé...
« Il va y avoir des sanctions, c'est inévitable Kimino... Je suis ici depuis peu, mais j'ai compris comment fonctionnait votre village... Les Uzumaki vont demander justice... Tu t'es écroulé sous la pression de notre titre... Et j'en suis également responsable... Je t'ai rajouté une charge supplémentaire dont tu n'aurais jamais du avoir à porter.... »
Argh, mon ventre me pliait de douleur et je commençais à sentir un liquide couler d'entre mes cuisses. Putain de merde, étais-je vraiment en train de perdre les eaux ? Mon regard se baissa doucement sur mon entre-jambe alors que ma main qui venait de toucher la zone arborait une tâche rougeâtre. Du sang ? Ma tête tournait, putain qu'est-ce qui m'arrivait ? En moins d'une minute, mon corps si puissant me lâchait...
« Ki-Kimino... Je saigne ?! »
Le bébé, je ne le sentais plus ? Il ne bougeait plus ? Depuis combien de temps ? Merde... Ma colère venait de laisser place à un début de panique.
« Qu'est-ce qu'on fait Kimino ? Je ne le sens plus ! »
Mon mari était un médecin, il comprit rapidement l'urgence de la situation alors que la douleur commençait à m'empêcher de réfléchir. Putain que j'avais mal... Je perdais le cours des choses, je m'étais retrouvée allongé au milieu de notre salon sans m'en rendre compte. Je n'étais focalisée que sur deux choses... La douleur et l'absence de mouvement de mon enfant... J'étais désormais nue, Kimino m'avait ôté chacun de mes vêtements alors que j'étais dans une absence la plus totale. J'avais les cuisses écartées, et je sentais sous mes fesses le sang se répandre. C'était donc ça un accouchement, une douleur absolue et du... sang ? Non, bien évidemment que non... Donner la vie ça devait être beau, magique....
Kimino me parlait, j'entendais sa voix, mais j'étais désormais incapable de suivre ce qu'il me disait. J'étais comme anesthésier, dans un floue le plus total. Mes pensées virevoltait dans les quatre coins de mon esprit alors que Kimino criait mon nom. Risako. Risako. Risako... Je l'entendais dire que nous allions le perdre, perdre notre enfant... Cette petite chose en moi que j'aimais déjà tant... Cet enfant que je portais... Il devait faire un choix... Un choix impossible entre sauver notre enfant et me sauver moi... Je devais pousser, je devais tenir le coup, je ne devais pas sombrer, je devais m'accrocher. Je devais un paquet de choses, mais je ne faisais aucune d'elle dès lorsque j'avais compris que notre enfant ne survivrait pas. Kimino avait fait un choix, il me l'avait dit, il me l'avait annoncé les larmes aux bords des yeux, la voix tremblotante. Il avait choisi d'abandonner de tenter ma vie au détriment de notre enfant. Mais moi, je ne voulais pas être sauvée sans que mon enfant ne puisse vivre... Je ne surmontrai pas un décès supplémentaire dans ma vie... Risako. Risako. Lutter. Survivre. Sang. Enfant. Périr... J'entendais des sons, des mots prononcés par Kimino... J'avais chaud, trop chaud, beaucoup trop chaud. Je suais à grosse goutte. Cela faisait combien de temps que j'étais allongé au sol avec Kimino à mes côtés en train de tenter d'utiliser ses talents de médecin ? Cinq minutes ? Une heure ? Ou douze heures ? J'en savais rien... Je n'étais plus là. Ou du moins, mon esprit n'était plus là... Il restait ce corps, ce corps qui portait la vie il y avait encore peu. Ce corps qui devait donner la vie... Il y avait cet esprit qui était presque là, conscient que son enfant était mort, cet esprit qui avait conscience qu'il allait partir lui aussi...
« Kimino... arrête... Laisse moi partir désormais... Notre enfant n'est plus... Je le sais... Je ne le sens plus... Il est parti avec mère nature... Je dois... le... rejoindre ! »
Pouvais ton sauver quelqu'un qui souhaitai désormais partir ? Pouvais ton obligé à vivre un esprit qui ne le désirai plus ? Car, non, je ne le voulais plus... Il me manquai une chose.. Une chose que j'avais portée huit mois en moi... Il était... mort, mort comme Salomon, mort comme Sawako, mort comme Hakizura, mort comme ces centaines de Kirishitan que la maladie et la mer avait emporté... J'aurai pu vouloir vivre, pour mon peuple, pour continuer de le guider. J'aurai pu vouloir vivre pour mon mari, que j'aimais de manière irraisonnée, j'aurai pu vouloir vivre pour des centaines de raison. Mais j'avais une raison de vouloir mourir, et celle-ci pesait désormais plus fort dans la balance. Mon enfant était mort... MORT ! Des larmes coulaient sur mes joues... De cela, j'en avais encore conscience... Une véritable rivière... Finalement, j'avais peur de mourir... Peur que même cela ne me permette pas de revoir notre enfant...
« Kimino... Je suis désolé... Tellement désolé... »
Mes mots sortaient difficilement. Ma gorge était sèche. J'étais affaibli... Trop affaiblit et pourtant, je devais lui dire mes derniers mots. Je ne pouvais disparaître sans lui offrir une dernière fois mon amour... Non... Je le devais...
« Tu es un mari parfait... Tu es un Hokage ... au grand... coeur... Je ne... voulais pas que l'on... s'engueule... Non... Ne laisse pas ma mort te... Détruire... car tu garderas en toi... mon... amour... »
Je n'avais pas la force d'en dire davantage. Cette simple phrase m'avait déjà tant coûter... Et pourtant, je devais lui dire une dernière chose...
« Notre enfant, je voulais qu'il s'appelle Yari... »
Mes yeux, ils étaient lourd, trop lourd pour que je puisse les garder ouverts malgré les larmes qui tentait de s'en échapper. Mes yeux étaient lourd alors que mon corps se faisait de plus en plus léger. Et doucement, le lourd n'existait plus, le léger était absent. Il ne restait plus que le néant et la voix lointaine, très lointaine de l'homme que j'aimais... Boum... Boum... Boum... J'entendis mon rythme cardiaque diminuait dangereusement jusqu'au dernier battement... Celui qui marquait ma fin... Boum...