Un périple aux milles surprises

Cela faisait maintenant 1 an que j'avais quitté les miens. Une année entière à parcourir ce vaste continent rongé par la guerre, le crime et la cupidité. Mon périple m'amena à faire la rencontre de divers individus. Parfois bons, parfois mauvais ou simplement paumés comme cette jeune fille que j'ai aidé alors qu'elle volait sur un marché. Cette expérience renforça ma détermination à accomplir cette quête. Je ne voulais simplement plus vivre dans un tel monde. Il fallait, autant pour moi que pour les miens, bâtir un lieu de paix et de prospérité, il en allait simplement de la survie de notre mode de vie en constant déclin.

Mon parcours me mena sur des terres au climat et à l'ambiance particulière. Un lieu ou se mélangent ruines et habitations peu accueillantes. J'avais pour l'instant fait le choix d'éviter ces habitations de toute sortes, ne me sentant instinctivement pas à l'aise en ces lieux. C'est ainsi que je déambula durant bien trois jours sans aucun contact avec quelconque être vivant. Heureusement pour moi, j'ai pu faire quelques réserves de nourriture la semaine passée se composant essentiellement de gibier ou autres baies et végétaux. La survie de ce type ne m'a jamais posé le moindre problème et mon éxperience en tant que fermier me procurèrent un large avantage dans cette aventure que j'avais entrepris.

La journée était bien entamée. A en juger par la position du soleil, nous étions en plein milieu de l'après-midi. Je venais de marcher de nombreuses heures sans interruption et une petite pause s'imposait désormais. Je décida donc de m'installer sur une souche d'arbre au beau milieu de nulle part. Pas la moindre habitation n'était distinguable, ce qui ne me dérangea pas spécialement à vrai dire. J'ouvra alors mon sac, servant essentiellement de garde manger avant de constater les maigres réserves qui me restait. A peine de quoi tenir jusqu'à demain. Je me saisissa alors de quelques baies, prenant soin d'en consommer le strict minimum.

Il était désormais évident pour moi que je ne pouvais pas me permettre d'éviter ces habitations plus longtemps. Ces terres étranges ne m'avais pas offert de quoi remplir mes stocks. On étaient bien loin de la fertilité et de l'abondance des plaines de Hana dont je viens. Une fois cette maigre collation engloutie, je dégaina mon katana, venant le scruter afin de m'assurer de sa bonne conservation. Après tout, je ne m'en étais que peu servi depuis mon départ. Son rôle d'arme de dissuasion avait suffi amplement la plupart du temps. Toutefois, ce manque de confrontation ne m'avais pas empêché de poursuivre mes entraînements de manière régulière afin de ne pas perdre la main et de me vider l'esprit. Ces exercices étaient après tout, l'une des seules distractions dont j'avais pu me permettre depuis mon départ.

Encore une journée de travaille plutôt bien chargée ! Ma charrette pleine et abondante ne réclame que d'arriver à destination tirée par mes plus fidèles amies. Nanao et Tao, deux magnifiques, mais vielles juments. L'âge se fait pas mal ressentir depuis le temps qu'elles sont à mes côtés. Je m'en souviens comme si c'était hier lorsque papa m'amenait pour une surprise. Et quelle surprise ! Deux camarades sur qui je peux compter sans aucun soucis et en toute circonstance. Comme le jour où cette abominable monstre me poursuivait, celui où je croisais ma route avec une femme à la chevelure blanche et une petite fille, celui où un drôle de type se couvrait la bouche en plus d'avoir peur du soleil, les Rihatsu qui m'ont dévalisé non loin des portes de Konoha... Oh oui, des rencontres particulières c'est mon quotidien. D'ailleurs, Inaba voulant m'accompagner avait d'autres affaires plus importantes. C'est seule que je voyage au milieu de nulle part pour effectuer ma livraison du jour.

La journée passe à un rythme plus lent que la normal. Je peux dire que j'ai le temps de me plonger dans de merveilleux comme pire souvenirs. La dernière chose que je me souvins de ma famille c'est leur sourire, leur rire et cette longue embrassade qui durait un millénaire... Après l'annonce terrible d'une attaque de bandit peu après mon départ je m'en suis voulue d'être partie plus tôt que prévu. Mon petit frère avait pu s'en sortir et j'étais à sa recherche pendant plus de deux années consécutives. Hélas, c'était en l'an 11, ce dernier fut dévorer par une immonde créature... Comment exprimer ma tristesse profonde à mes compagnonnes ? Elles le sentent et font leur possible, mais... mais de l'amour de la part d'un animal ne suffit pas à combler un immense vide. Le décor qui m'entoure n'aide en rien à me changer les idées. Les plaines d'Ame, réputées pour être brumeuses, pleines d'embûches et de gens malhonnêtes de part la pauvreté des habitants. Une région où les récoltes sont mauvaises et ne suffisent pas, où seuls les bêtes peuvent manger à leur faim avant d'être dévorer à leur tour. Je sais pertinemment que de venir ici ne fera pas ma fortune, mais c'est grâce à mes autres échanges et mes actions que je peux me permettre de donner du réconfort à un village à quelques heures de route encore.


Quelques heures plus tard, je commence à apercevoir une maison délabrée en toit de chaume. Vêtue de ma longue cape par les temps encore frais de la fin d'après-midi, je continue de garder le pas pour mes deux pouliches. Bientôt nous arrivons à l'entrée de ce qui ressemblait à un village d'à peine une vingtaine de villageois.







Cela m'amuse toujours autant de voir que mon nom est imprononçable pour cette vieille connaissance.







Ajoutais-je d'un ton doux en levant mon index en l'air après avoir décocher un large sourire sincère et plein de bonnes attentions.





Je poursuis donc mon chemin, en descendant habilement de mon chariot, suivant les traces de mon ami.

Cette petite heure d'exercice m'avais fait le plus grand bien. Ces simples mouvements que je connaissais par cœur et maîtrisais avec une parfaite coordination me permettais toujours de me vider l'esprit, chose dont je commençais à avoir cruellement besoin en ces lieux si étranges. En tout cas, pas la moindre âme n'était venue perturber cet entraînement ni même le moindre bruit. Il était temps pour moi de reprendre la route. Je rangea donc mon katana dans son fourreau avant d'attraper mon sac et de repartir de plus belle vers l'inconnu.

Seulement, désormais, il était temps pour moi d'entrer en contact avec les habitants locaux. Mon inquiétant manque de nourriture me poussa naturellement à ignorer cet instinct, cherchant désormais de quoi poursuivre mon périple sereinement. Je me mis donc en route, à la recherche d'une forme de vie. Je croisa tout d'abord la route d'une ancienne ferme délabrée. Décidant de m'y approcher, je ne pu que constater avec déception l'absence de vie qu'abritait celle-ci.

C'est alors qu'après deux bonnes heures de marche, la chance sembla me sourire. Au loin se dessinait enfin une habitation rustique mais bien moins délabrée que la précédente. En m'y approchant, le brouillard fit apparaître une seconde habitation, puis une troisième. Cette fois ci, c'était la bonne me disais-je. Je n'étais plus qu'à quelques pas de la maison la plus proche et quelques silhouettes se firent remarquer. L'une d'elle tourna d'ailleurs la tête vers moi avant de faire signe à ses congénères. Ceux-ci ne semblaient pas armés, c'est donc en pleine confiance que je poursuivi ma route vers eux avant de me retrouver face à l'homme qui m'avait aperçu précédemment.





Le paysan, suite à mon discours décrocha un léger sourire, comme amusé de la situation.



Je fus quelque peu rassuré dans un premier temps, d'observer que ces paysans ne semblent présenter aucune menace pour moi. Après tout, je me suis peut-être simplement fourvoyé aux vues de l'apparence peu chaleureuse de leurs terres. En tout cas, c'était bien ma veine, quoi de mieux qu'une marchande pour m'aider à me fournir en nourriture. Plein d'optimisme je lui répondis alors.



L'homme se mit alors à me scruter avant de tiquer sur le pommeau de mon katana qui dépassait légèrement de mon manteau. La vue de cette arme le fit alors changer radicalement d'expression, affichant désormais un air inquiet.

Je remarqua directement ce changement d'attitude. Il n'était pas le premier être à réagir de la sorte et je ne pouvais que comprendre sa méfiance.



Je déposa alors quelques pièces dans le creux de sa main. Avec le temps, j'avais rapidement appris que l'argent pouvait être un atout redoutable en cas de problèmes. Je ne suis pas riche, loin de là, cependant, durant mon errance, j'ai pu revendre quelques uns de mes "trophées" de chasse, m'aidant à toujours garder suffisamment de monnaie pour palier à ce genre de problème.

L'homme afficha à nouveau un sourire satisfait avant de me faire signe de le suivre.

Je fus donc invité à parcourir ce minuscule village. Seules quelques maigres habitations et une petite écurie venaient entourer un puit délabré trônant au milieu du village.

C'est alors vers ces maigres écuries que l'homme m'amena. Je pouvais y observer deux belles montures attachées ainsi qu'une jeune femme proche d'une sorte de charrette. Celle-ci était visiblement en train de décharger quelques unes de ses provisions. Ca ne faisait plus aucun doute pour moi, celle-ci était belle et bien la marchande dont on me parlais.

Je m'approcha alors d'elle avant de l'interpeler.

Il est grand tant pour moi de décharger ce que je suis venue offrir. Une fois la charrette et mes jugements installées à l'écurie je commence à déballer à l'aide de quelques habitants les matières premières alimentaire, de nouveaux vêtements chauds et...


Un homme se tint là. Chapeau de paille sur la tête, un grand kimono et des vêtements épais pour lui tenir chaud, ainsi qu'un katana camouflé que je n'aperçois pas dans l'immédiat.


Alors, je me présente face à lui portant ainsi toute mon attention envers sa personne.


Ses pupilles vertes... Elle m'intrigue. Cela fait longtemps que je ne rencontrais personne en possédant. J'ouvre tout bonnement le chemin à mon client en lui faisant un signe de main pour me suivre. Entrouvrant les draps, il pourrait apercevoir du riz, quelques légumes et fruits de saison, de la viande séchée et quelques vêtements de toute saison. De quoi aiguiser des armes comme du silex, du bois et pas mal de courrier entreposer à droite.


Je sors dans l'immédiat mon bouquin de compte, ainsi que les pécules qui me serviront d'échange.

Une fois ma brève présentation effectuée, la marchande changea directement d'attitude, semblant entrer en un claquement de doigts dans son rôle de marchande. Après un discours sommaire mais bougrement efficace, celle-ci me fit un inventaire assez détaillé de ses denrée pouvant m'intéresser. Une fois les draps recouvrant la charrette soulevés, je plaça ma main sous mon menton tout en observant toute ces provisions.

En seulement quelques secondes, mon choix était fait. Je savais exactement quel aliment serait le plus pratique et durable pour moi.



Tout en énonçant ma commande, je me saisissa de mon sac avant d'en sortir un petit coffret en bois dans lequel j'avais l'habitude de stocker des baies ou autres petits aliments.



Une fois ma demande effectuée, la jeune marchande se mit alors à se saisir de tous les éléments demandés. Pendant ce temps, j'eu l'idée d'interroger cette itinérante sur notre environnement avec lequel je n'étais que peu familier. Après tout, celle-ci en saura forcément bien plus que moi et ses informations me seront forcément bien utiles.

De bien drôle de surnom que peuvent me donner les habitants de certains villages, bien heureux de me revoir à chaque fois. Cela me décoche un petit sourire en y repensant.

Au fur et à mesure que l'homme me dicte ce qu'il souhaitait prendre, je déposes dans un sachet la marchandise. Le tout en effectuant déjà mon calcul mental pour lui demander mon du par la suite. Une fois le sac bien remplit de riz, de viande et le petit silex à part, mon acheteur me demande ce qu'il me devait.




J'affiche mon grand sourire au moment d'annoncer le prix. Ca passe toujours mieux avec une intonation aimable et un sourire charmeur. L'expérience parle pour moi. Une fois l'échange de fait entre l'argent et les produits que je lui mets gentiment dans son sac ainsi que sa boite, l'étranger me demande quelques indications géographiques. Il est plutôt rare de venir par ici sans réellement savoir où l'on met les pieds...




Mettant mes mains sur les hanches je me place face à l'individu.






Debout sur mes guetta, je tente d'observer sa réaction à travers son chapeau.

J'observa alors cette marchande, emballant rapidement et efficacement ma commande avant de l'y ranger dans mon sac de voyage. En voilà une marchande efficace. Après un bref calcul mental se traduisant par ses yeux pointant vers le ciel, Shonin m'annonça le prix. Une somme tout à fait correcte qui me provoqua un léger soulagement. A travers mon long périple, j'ai trop souvent croisé des marchands malhonnêtes me refourguant de la camelote ou me demandant une somme excessive. J'étais heureux de voir qu'il existait encore d'honnêtes gens en ces contrées gangrénées par l'égoïsme et la violence.

Je me saisit alors de mon argent soigneusement emballée dans un bout de tissu et bien rangé dans le haut de mon kimono avant d'en sortir la somme demandée.



Une fois la transaction terminée, la jeune femme me fit une brève mais instructive présentation des lieux. Les toundras d'Ame, le nom m'étais connu sans que j'en sache plus. Ces terres sont si reculées par rapport à mon lieu de naissance. J'écouta alors attentivement ces informations bien précieuses pour moi.



Egalement, ayant pu constater l'étendue des connaissances géographiques de la marchande, je ne pouvais me contenter que de cette simple indication. Son errance et son expérience de ces lieux reculés lui permettra peut-être de m'aider dans ma quête.





La question pourra paraître étrange pour la marchande mais l'occasion était trop belle pour moi. Ses informations potentielles pourrait m'aider dans la suite de mes recherches. Mon optimisme naturel qui me valait la réputation de "fou idéaliste" auprès des miens me poussait à y croire. Cependant, cette année d'errance avait eu légèrement raison de mon espoir.

Mon client du jour semble très curieux concernant les environs. Au moins, ca fait plaisir que quelqu'un d'autre en ce bas monde s'intéresse un peu plus sur le sort de ces malheureux... Cet homme cherche sans doute un lieu tranquille, calme et sans ambiguïté. Hélas il n'est pas venu dans la bonne contrée...




En remettant mon carnet dans mon sac et ma bourse.


Cela me peine de ne pouvoir en faire plus, mais peut-être que mon interlocuteur trouveras une manière ou de l'autre de lui venir en aide.


Je ferme donc l'arrière de la charrette avant de lui proposer.

La bonté et l'implication avec laquelle Shonin me répondait me faisait un bien fou. Enfin je croisais une personne à laquelle je pouvais m'identifier un minimum. C'est alors que comme attendu, la jeune marchande ne pu m'aider quant à ma recherche de ce lieu. Mon visage redevint alors progressivement assez neutre sans pour autant retirer ce côté naturellement amical me caractérisant.

Celle-ci se permit également de s'excuser du trop peu de réponses que j'avais reçu. Bien entendu je ne pouvais pas l'en blâmer tant son intervention m'avais d'ores et déjà bien aidée.





C'était en tout cas en total accord avec ma feuille de route initiale, aller le plus possible vers l'ouest dont je ne sais presque rien. Un simple acte de pure folie ? Ou un coup de génie ? je le saurais bien assez tôt.

C'est alors que la jeune femme m'invita à rester en ces lieux pour la nuit. Une offre forte aimable et assez difficilement refusable. Si ces contrées sont si peu sûres, autant profiter d'une vraie nuit de repos avant les probables difficultés futures que je rencontrerais.



En effet, la dernière personne m'ayant autant aidé fut Satoshi, le Sekken isolé que j'ai finalement accueilli auprès des miens, j'espère qu'il se porte bien.

Puis, je lâche un léger rire amuser. Cet homme me rappelle un peu mon père. Il a l'air d'avoir un grand cœur et un respect immense envers les autres. Peu importe leur appartenance social de ce que je puisses comprendre. Alors, en guise de premier pas pour un accueil chaleureux au sein du village dissimulé dans la brume je tends mon bras pour qu'il puisse s'y accrocher.

La marchande me proposa alors de la suivre à travers ce modeste village. Celle-ci affichait un sourire amusé tout en me présentant un discours assez optimiste sur cette région si particulière. Je me prêta alors au jeu, tournant ma tête à gauche puis à droite afin d'y observer chaque recoin de cet endroit. Quelques maisons rudimentaires et assez petites abritant probablement deux ou trois pièces au maximum. Je pu également observer à nouveau le puit présent en plein milieu du village et semblant également servir de lieu de rassemblement pour les villageois. En s'éloignant un peu des écuries d'où nous avons débuté cette visite, je découvris également un maigre champ semblant donner assez peu de rendement.

Mon âme de fermier ressurgit en observant ces plantations et mon regard s'y attarda alors quelques instants. Shonin pu d'ailleurs remarquer ce regard que je portais. Tout en continuant d'observer, je me permis une petite confidence envers ma partenaire de visite.



Cette courte observation me rappela l'homme que j'étais avant de partir sur les routes du Yukan. Un élan de nostalgie qui me remit presque les idées en place. Après tout, la jeune Shonin avait peut-être raison, ces terres si mal vues abritent probablement un potentiel jusque là trop peu exploité.

~ L'homme marchant au gré du vent et de la brume ~
~ Ressurgit son âme enfantin face à la triste réalité ~
~ De fermier le voilà vagabond ~

Quelques vers inspirés tout droit de cette nouvelle rencontre que j'inscrivis dans mon carnet de Haiku. En revanche, le fait que Kano provenait des plaines d'Hana m'interpelait... Des yeux verts, un fermier provenant de plaines abondantes, des cheveux foncés... Peut-être est-ce une simple coïncidence ? Alors plusieurs sentiments étranges traversaient mon âme, me rappelant qui j'étais, qui je suis et qui je veux être. De mon humeur joviale, me voilà nostalgique et mélancolique. Parler des plaines de mon enfance...




Je tente de chasser ses pensées mauvaises qui me lacère le coeur, encore une fois. Alors, peut-être qu'en mangeant un morceau au coin du feu, ce dernier me contera son histoire et qu'il y a été. Peut-être connaissait-il mon père ? D'ailleurs quel âge avait cet homme ? De nombreuses questions qui étaient plutôt très impoli de poser. Je me retins alors, ne voulant pas m'éterniser sur le sujet pour assouvir cette vilaine curiosité.