La guerre. Tu le savais, c’était l’essence même de l’horreur de ce que les gens nommaient humanité. C’était ça qui avait forgé l’histoire du monde Ninja, comme un ingrédient indispensable et indissociable. Les immortels avaient continué, dans l’ombre ou dans la lumière, à vouloir imposer au monde la paix par la guerre. Tu t’en doutais, les visions de ces deux êtres multi-centenaires seraient sûrement bien différentes de la tienne, et ils trouveraient sûrement ton histoire futile. Il te fallait donc trouver de quoi échanger.
Tu ne la connaissais pas, mais tu n’aimais déjà pas cette prêtresse. Pour une raison simple, et peut-être un peu trop pure pour ce monde : elle voulait, égoïstement, comme le Kenketsu, imposé sa vision de la paix. Mais pourtant, la femme de Faust, la légendaire Prêtresse de Konoha… Elle pouvait avoir un indice de comment le légendaire nécromancien avait développé son art. Plus tu en apprendrais sur Faust, et plus tu te rapprochais de ton but ultime : survivre.
Et la chose te frappa soudainement. Kamiyonanayo n’était personne d’autre que le Prince en personne. Le plus puissant des Kenketsu, l’invincible Roi de la Nuit. Et au vu du silence de ton nouvel ami… La Guerre sanglante dont il parlait ne c’était pas terminé bien pour un des deux immortels. Tel une confrontation finale. C’était comme si l’histoire récente du monde fut écrite uniquement par ces deux êtres. Une idée désagréable, et pourtant, si proche de la réalité.
Tu avais entendu des rumeurs sur ces déplacements massifs. Tu soupçonnais une guerre, mais une guerre entre deux immortels, ça, c’était une idée presque mythologique. La voix de Kitaï avait, quant à elle, changée. Il semblait hésitant, comme s’il essayait de te dissuader. Il sentait le danger.
« Pour Faust, les deux immortels nous le dirons. La Prêtresse connaissait Faust de son vivant, elle pourra nous fournir une piste, si on la retrouve… Et pour Kami, le Prince… Je verrais. Qui a gagné dans cette guerre ? S’il est en mauvaise posture… Peut-être que… Avec toi, on représenterait une menace sérieuse pour qu’il nous renseigne ? Ou alors, il faut trouver ce qu’il veut… »
Puis il te parla de la légende de l’élu… Tu fronças les sourcils. Cette légende était stupide à tes yeux.
« C’est une légende stupide. Je pense que la nécromancie existe, mais qu’elle n’apparaîtra pas par magie. Comme la maîtrise du chakra et du Ninjutsu, ou de la médecine, cela nécessite du travail, de l’investissement, ça ne va pas tomber du ciel. On m’a assez rabâché que je ne serais pas l’élu. Epargne moi ces discours fantaisiste d'élue, s’il te plaît. »
Ta voix était plus sèche, presque colérique. Tu détestais ce discours, que tu n’avais que trop entendu. Mais toi, à la différence des autres, on t’avait éduqué uniquement pour servir l’élu, et on t’avait rabâché que ta faible constitution et ta maladie t’enlever toute possibilité de l’être. Tu étais un peu surpris d'avoir perdu ton calme, mais tu te repris, un peu gêné.
« Désolé... Mais accepter qu’il existe un élu revient à accepter que la force du destin à plus d’emprise sur nos vies que nous-même. Et donc, que je vais irrémédiablement mourir... »
Puis, sa question te happa. Il pouvait te le présenter… Il savait où il l’était ? Mais c’était incroyable ! Improbable ! Dépassant toutes les prévisions.
« Vraiment ? Tu peux me faire rencontrer le Prince ? »
Tu étais enjoué, bien plus que Kitai. Mais tu te ravisas. Il fallait réfléchir à un plan d’action.
« Avant, il faut que je trouve de quoi titiller sa curiosité, et surtout, que je trouve comment négocier. Tu l’as dit toi-même, c’est un être immortel. Qu’est-ce qu’il pourrait bien chercher… Toi qui le connais, tu saurais ? »
La question était innocente, mais surtout, tu n’avais aucune piste. Comment toi, tu pourrais faire chanter l’éternel des Kenketsu ?