La coopération et la bonne volonté. C’était l’attitude que tu avais adoptée. Certains pourraient y voir une forme de faiblesse, mais tu voyais cela comme du bon sens. Tu étais dans une position délicate, et dans ses marais, il fallait surtout éviter l’affrontement. Tu ne connaissais que trop bien les dangers de renfermer une plaie sans désinfection préalable, et surtout, dans un environnement impossible d’aseptiser… Ici, et même avec la plus belle volonté du monde, un mauvais coup de lame pouvait être fatal, même au plus puissant des ninjas. Et tu avais d’une part raison : le shinobi en face de toi baissa sa lame. Seuls des fous tueraient un inconnu de bonne volonté. Et par chance, ils n’étaient pas fou.
Ce fut Kitai qui sorti en premier. Et il stoppa net le shinobi masqué dans sa demande. Genichi ? Tu te décalas très légèrement pour voir la scène qui se déroulait devant tes yeux. Kitai était masqué. Il agissait sous le nom de Saru désormais. Et visiblement, ce « Genichi » avait un passif – et loin d’être des moindre – avec ton ami. Aïe. Les choses allaient devenir plus compliqué que prévues.
L’histoire mêlait un certain Usagi, et la fuite de Kitai de Kumo… Sous le prisme de Genichi, Kumo avait tout offert à son ami. Pourtant, ce n’était absolument pas le point de vue du déserteur… Et sa fuite avait eu pour effet de prostitué une certaine « Soshi » pendant deux ans. Tu déglutis. Tu détestais l’esclavage humain. Mais difficile de comprendre le lien entre la fuite du Singe, et l’esclavagisme de son amie. Avait-elle dû payer pour lui ? Étrange. Tu étais loin d’avoir toutes les cartes en main pour comprendre.
Mais la situation commençait à tourner au vinaigre… L’homme démasqué dévoila des marques noirâtres semblable au Fanitisme, mais dans un stade bien plus avancé. Tu blêmis de plus belle. On dirait que le destin te jouait un sale tour. Était-ce la raison pourquoi le Singe avait décidé de t’aider ? Dans l’espoir de sauver son ami ? Tout ce que vous aviez vécu était remis en cause. Est-ce qu’il c’était servi de toi, pour se racheter mentalement d’avoir laissé pour mort son ami atteint de ta maladie ? L’hypothèse était probable. Très probable.
« Oui… Ça va… Je suis désolé… J’ai été trop enthousiaste à l’idée de trouver une trace d’activité humaine aussi proche de notre but. »
Tu baissas la tête, et reculas de nouveau. Le ton montait. Ton regard fixa l’autre homme, qui posait sa main sur son sabre. Tu le fixas, d’un regard horrifié, et tentas de capter son regard pour lui faire un léger « non » de la tête. En cas d’affrontement, les conséquences allaient être cataclysmiques. Il y avait de forte chance que chacun ici présent meurt d’infection, au vu de l’environnement qui permettait sans aucun doute la fuite.
Genichi voulait qu’il rentre. Mais toi, tu avais absolument besoin de lui, et du Prince. C’était une chose qu’il vous était impossible de négocier. Le ton agressif de Genichi avait eu raison du calme apparent du Singe, qui enlevait son masque et s’énervait à son tour. À ce rythme, les choses allaient finir de la pire des façons : par le combat. Et il fallait absolument empêcher ça.
Alors dès que le singe eu à peine fini ses explications, tu te mis au milieu, et levas les bras en l’air, comme pour faire barrière.
« S’il vous plaît, arrêtez et calmez-vous. »
Ta voix était douce, mais ferme. Il n’y avait pas de place pour les protestations, tu enchaînas immédiatement.
« Écoutez-moi. Chacun de vous à de bonnes raisons pour lui d’avoir agi ainsi. Je ne sais pas qui à raison, ou qui à tort, mais ce que je sais, c’est qu’aucun d’entre vous n’a envie d’avoir le sang d’un ami, ou d’un ancien ami proche, sur ses mains. Vous parlez et agissez sous un coup de sang, et vous risquerez de le regretter après coup… »
Tu fixais Genichi. C’était lui le plus urgent.
« Genichi-san, je ne vous connais pas, et je ne peux pas dire que je vous comprends. Je n’ai jamais eu de famille ou des amis, et je suis orphelin de naissance, probablement à cause de ma maladie et de mon corps chétif. Mais si Kitai me faisait ce qu’il vous a fait, alors je réagirai de la même manière que vous, et j’aimerais que l’on m’arrête… Au fond, même si je le déteste, je n’aurais pas envie que mon dernier souvenir de lui soi son sang sur mes mains… Alors, s’il vous plaît, Genichi-san, je vous implore de laisser votre émotion redescendre, et de ne pas agir de manière impulsive. »
Tu tournas la tête ensuite vers Kitai.
« Kitaï, s’il te plaît… Je ne suis plus bien sûr de savoir si tu fais ça pour moi, ou pour toi, mais ne t’énerve pas. Essaye de comprendre ton ami, il a besoin que tu le comprennes, comme toi tu as besoin qu’il te comprenne. Je ne te connais pas depuis aussi longtemps que lui, mais je sais que tu es une bonne personne, et que tu peux comprendre et partager sa souffrance. »
Pur. Tu étais trop pur pour ce monde brutal, Rei. Tu étais une lumière séraphine au milieu des marais putride. Tu étais entre eux, une main faisant barrière pour l’un comme pour l’autre, essayant de faire tampon au péril de ta propre vie.
« S’il vous plaît, je n’ai pas la prétention de pouvoir vous arrêtez. Mais je sais que se battre ici ne fera que nous affaiblir, voir pourra simplement tous nous tuer d’une blessure infectée. Soit ça, soit la faune sauvage qui n’hésitera pas elle. Ces marais sont suffisamment hostiles… Parler et la meilleure solution dans cette situation. »
Tu te tournas alors vers Genichi.
« Genichi-san… Je comprends votre ardent désir de voir votre ami revenir vers vous, mais ce ne serait probablement pas une bonne chose pour lui. D’autres pourrait vouloir sa mort, et ce n’est pas votre but. Il faudrait préparer son retour, lui offrir l’occasion de revenir sans risquer sa vie… »
Tu baissais les yeux.
« Et j’ai besoin de lui. »
Tu faisais silence, avant de relever la tête.
« Je suis faible, et je suis malade. Ma vie est à l’instar d’un feu. Chaque utilisation de mon chakra attise la flamme. Je suis le plus jeune ici, mais je serais sans l’ombre d’un doute le premier à m’éteindre, sauf si vous êtes atteint du même mal. J’ai des pistes pour réussir, mais j’ai besoin de Kitai et de Hakai. Sans eux, je ne pourrais rien faire… Je vivrai ma vie vacillante jusqu’à simplement m’éteindre sans avoir pleinement vécu. »
« Mais eux, n’ont pas besoin de moi. »
Un énième silence… Ton regard rougeoyant était plongé dans le sien.
« Ils me suivent par simple bonté d’âme. Ils me défendent, et m’aident dans ma quête désespérée contre le destin… Je ne suis qu’une vie en sursis, et pourtant, ils ont cette lumière en eux. Vous êtes son ami, vous avez ça également en vous, j’en suis certains. Et c’est à cette bonté d’âme, à cette lumière, que je fais appel en vous. Je n’ai pas de grand pouvoir, je n’ai que mes mots et mon savoir médical. Je ne peux que vous promettre que, si je réussis, je ferais ce que je peux pour vous soigner, vous comme ceux qui sont atteint du même mal… »
Alors, tu t’inclinas.
« Je vous en prie, Genichi-san, épargnez-nos vie et changer votre décision. »
Ton chakra était aussi pur que ton esprit.
Malgré le mal du monde,
Tu le voyais sous le prisme de la bonté.
Tu étais porteur de lumière.
Et tu espérais pouvoir l’apporter,
A ce cœur obscurci par la colère.