« La république est malade ». Malade de sa propre peur d’avancer. À tort ou à raison ? La Dame de Fer ne pouvait réellement répondre à cette question. Chacun ici aboyait, défendant son morceau de pain, plaçant ses intérêts personnels et anticipant des scénarios aussi catastrophiques que rocambolesque. Depuis quand Kimino devait-il gérer la République du Feu accompagné avec tant d’imbéciles ? Un Chikara démissionnaire, et un Kirishitan délirant étaient loin d’être les partenaires idéaux. Il avait du mérite, sans aucun doute.
Mais sur son visage, son sourire confiant avait disparu, pour n’afficher qu’une mine grave. Sans surprise, Kitto Kotaro avait bien hérité de la digne sagesse de son clan. Mesuré, comprenant les tenant et les aboutissants des véritables enjeux de cette affaire, et proposant même une porte de sortie. Le Kirishitan, lui c’était contenter de beugler, de crier au loup blanc. Le blondinet se contenter de poser des questions pseudo-pertinentes, mais de tirer des conclusions hâtives, sans même attendre les réponses de la concernée. Tandis que l’Hokage des Chikara ? Il démissionnait, comme à son habitude.
La Dame de Fer se massait les tempes. Les hommes et leur fierté mal placée… Un ennuyeux classique.
« Je n’ai aucunement l’intention de changer les accords qui sous-tendent l’intégration du clan Kirishitan au village de Konoha. La liberté de culte sera assurée comme depuis le début, et les vies des nôtres ne seront jamais usité comme de la simple chair à canon. Au même titre que les autres clans de la République… J’ignore ce qui a pu vous faire croire cela, mais j’espère que vos craintes seront apaisées… Comme je l’ai dit, la plupart des mesures que je vais prendre durant ce temps de pouvoir sera juste là pour impressionner la galerie. Un simple écran de fumée, pour apporter du crédit à cette manœuvre… »
« Je ne me permettrais pas de remettre en cause Risako-dôno, j’évoque simplement deux faits. Le premier étant que la IVème République n’avait pas prévu cet état de fait, et dans un second temps, que nous observons depuis peu un changement rapide et important, en très peu de temps, de dirigeant. Cette instabilité est propice à l’inefficacité, que nous observons ici-même, et à la corruption. Deux problématiques que je vous propose de résoudre. C’est tout. »
La Dame de Fer prenait le temps. Il s’agissait ici probablement des dernières passes d’arme. Si cela cassait, elle allait devoir réfléchir autrement. Mais sérieusement, devait-elle répondre aux questions d’Oni, qui coulait de source ? Visiblement, oui. À son grand regret, il était ce genre de Shinobi faussement intelligent.
« Les réponses à vos questions, qui semblent vous être obscur, Chikara Oni, coule pourtant de source. »


« Un : cette liste est à jour, et ce fut l’intendante, Chikara Shirona, qui eut l’occasion de me mettre sur les premières pistes. Le reste fut assez aisé à remonter.
Deux : Je suis cheftaine des services secrets, l’information est mon travail.
Trois : Évaluer un pourcentage de réussite sur des valeurs fictives est un exercice de spéculation qui n’est bon que pour les démagogues cherchant à épater la galerie avec un air faussement scientifique. Je répondrais donc que l’anticipation des réactions humaines et ma spécialité, et que j’ai également eu suffisamment de temps pour connaître les réactions des gens sur cette dite-liste.
Quatre : Comme dit précédemment, je suis Capitaine de l’Anbu, un personnage public… Mon rôle n’a jamais eu pour vocation d’être secret, puisque tout le monde le connaît. C’est bien plus subtil que ça.
Cinq : À votre avis, comment avons-nous obtenu cette liste ? Par un travail dans les ombres… À votre avis, si je propose ce plan, ce n’est pas, par pure logique, parce que nos adversaires ont suffisamment connaissances des règles du jeu pour toujours être aux limites de la légalité sans jamais les franchir ? Enfin… Je connais les réseaux, mais j’ai besoin de preuve. C’est le but de cette opération, apporter des preuves. »
La dame de Fer fixa alors le Chikara.
« C’est justement parce que ce parallèle entre ce qu’il va se passer et les événements passé est fort que je n’aurais pas besoin d’en faire beaucoup pour que tout le monde se fasse prendre au piège. Et comme je l’ai dit, la redistribution des pouvoirs est une condition Sine Qua None de ce plan, puisque nos adversaires CONNAISSENT les failles de notre république. Donc non, elles ne renverseront pas la république. Mais elles peuvent faire suffisamment pression, notamment par notre division -et donc notre faiblesse- pour nous mettre à mal… »
Le regard de la Zélée était d’un froid de métal. Le velour avait cessé, pour laisser place à sa poigne de fer sans aucune émotion.
« Vous… « pensez » trop facilement, et faites beaucoup de conclusions sans même attendre les éléments de réponses indispensables… J’en prends bonne note. »
Nul ne savait ce qui se passait dans l’esprit de la Quadragénaire. Bonne note ? Le ton était si neutre qu’il en était difficile de savoir s’il s’agissait d’un sarcasme, ou d’une réalité. Peut-être un peu des deux ? Seule la Générale des Anbu pouvait y répondre. Mais visiblement, pas cette fois.
« Puisque visiblement l’Hokage Azukiyo ne souhaite pas y participer, il ne reste que moi ici présent qui est la posture légitime d’agir selon mon plan. Comme dit, ce pouvoir ne me permettra que de faire mon travail : faire disparaître ses criminels…. »
La Dame de Fer ferma les yeux, et serra les poings. Elle fronça même également les sourcils. Comme si elle faisait cette chose à contre-cœur.
« Si la peur d’un réel coup d’état vous paralyse tant, si vous n’avez aucune confiance en moi, ainsi soit-il. J’accepte la proposition de Kotaro. Mes enfants sont des Shinobi, ils comprendront. Si vous acceptez, et sous couvert d’une mission pour ne pas éveiller les soupçons, je confierai mon premier fils au clan Kirishitan, Uzumaki Kenzô. Il pourra rejoindre des patrouilles extérieures. Mon second fils est déjà en mission, mais à son retour, je le confierai au clan Chikara. Ainsi, vous disposerez des deux plus grands trésors de ma vie. Car à la différence de vous… »
Elle afficha un sourire doux.
« Je vous fais entièrement confiance en tant que garde-fou de cette opération… »
La Dame de Fer laissa s’installer le silence de réflexion. Puis elle se tourna vers l’Hokage Chikara.
« Naturellement. Si vous acceptez avec les conditions actuelles, dans l’idéal, j’aurai terminé pour le milieu de l’été. Le retour de Kimino permettra l’installation de cette nouvelle république, avec la convocation des différents chefs de clans pour établir les nouvelles règles de notre société. »
« Dans l’optique d’un refus… »
Elle fixa l’assemblée d’un air glacial.
« Chacun ici acceptera les conséquences de ses actes, et j’éliminerai cette corruption, avec ou sans votre aide. Comment je vais y parvenir ne vous regardera pas, et restera sous secret de l’Anbu. Le village change. Nos jeunes poussent ne mettent plus de sens dans les barrières séparant les clans. Vous avez le choix d’effectuer un acte courageux et audacieux, de vous investir personnellement, pour eux, pour permettre à l’avenir qu’ils souhaitent de voir le jour sans la présence putride d’acteurs souhaitant corrompre cette entreprise, ou rester de côté et voir cette transformation se faire sans vous. Inutile de dire que dans les deux cas, ces informations sont strictement confidentielles. »
C’était un all-in. Si chacun ici se pensait trop important et irremplaçable pour la République, ils se mettaient le doigt dans l’œil.
« Si d’aventure l’idée d’attenter à ma vie, ici et maintenant, vous prends… Le chaos qu’il en résultera sera bien plus grand que celui que vous craignez en acceptant mon plan. »
Elle avait fini. Elle ne comptait pas agir avec la force. S’ils refusaient, elle ferait ce qu’elle avait à faire. La Dame de Fer était inflexible, elle avait déjà la suite de son plan en fonction des différentes réactions. Il ne s’agissait plus d’une simple réunion, mais d’une véritable guérilla politique !