Il y avait des qualités que la Dame de Fer partageait avec Taram. La droiture, la discipline, et la ténacité. Mais la jeunesse se faisant, elle pouvait constater que la jeune rouquine en face d’elle, au-delà d’être tenace, devenait téméraire. Si elle devait être une plante, elle serait le
houx. Vous savez, cette plante tenace et invincible qui résiste même aux plus grands froids d’hiver ? Taram était un peu comme ça. Même les assauts glacés de la Dame de Fer n’arrivaient pas à en venir à bout. La « punition givrée » aux portes n’était pas suffisante ? La Zélée devait-elle passer à la vitesse supérieure ? Là était la question. D’ailleurs, même ce surnom, tant Taram s’accrochait à son idéal, aurait pu désigner la Jônin. C’est ça, Taram était une Uzumaki Mako, avec à peu près 20 ans d’âge en moins.
C’était probablement ce qui était le plus agaçant, et à la fois amusant, pour la quadragénaire endurcie.
La Rouquine croisa les bras, et laissa Taram s’exprimer dans cette arène ou les mots faisaient office d’épée et de bouclier. Une véritable guerre d’argumentation, un véritable feu de vision qui s’entrechoquait entre elle. Mais la Zélée et la Justicière entêtée ne jouaient pas à armes égales, sur le même terrain. Mako avait une menace intérieure de corruption qu’elle devait écarter avant d’agir, alors que pour Taram, la voix était libre, toute tracée.
La Dame de Fer écoutait, mais plus Taram avançait dans son argumentaire, plus un son visage devenait sérieux. Plus elle parlait, et plus la Dame de Fer trouvait de pseudo-argument pour la faire tomber. Hélas pour Taram, la Quadragénaire en avait vu plus qu’elle. Des vertes et des pas mûres. Elle avait véritablement connu et combattu à l’extérieur des murs. La Dame était encore muée par un idéalisme de justice, mais acceptait qu’elle soit malmenée par la violence de la réalité.
Alors ce qui séparait Taram de Mako ? La connaissance d’une part, concernant la corruption sévissant dans le village… Et l’expérience. L’expérience de la vie. Taram était jeune, elle avait encore le droit de rêver, d’être cette petite voix mielleuse, sucrée, qui plaisait au peuple. Mais la Dame de Fer avait sérieusement envie de la faire redescendre sur terre, de ramener un peu de réalité dans ce beau discours. De briser le «
Sucre d’orge spécial Taram », tant sa chevelure rousse et son teint pâle évoquait cette douceur.
L’annonce d’un vote fit froncer les sourcils à la zélée. Était-elle sérieuse ? Cet objectif était impossible à tenir. Irréalisable et irréaliste. Une véritable lettre au
père noël ! Une fois qu’elle eut fini, la Dame de Fer commença par la fin.
« Je crois n’avoir donné aucune directive ni aucun ordre vis-à-vis de ce vote dans dix jours… »
Le ton était calme, posé, mais se voulait sec et tranchant.
« Je crois d’ailleurs qu’aucun membre du Ministère, ou quelconque responsable ici ne t’es offert une telle responsabilité ? Quel étrange raisonnement pour quelqu’un critiquant un régime autoritaire que d’envisager des méthodes similaires. C’est donc ça, ta solution ? Agir dans l’émotion ? Sans prise de recul ? Tu imposes ta volonté à tous sans consulter qui que ce soit… Ce que je n’ai pas fait. Les membres du Ministères sont au fait d’une telle annonce. »
La Dame de Fer fixa l’Uzumaki. Que croyait-elle en insinuant qu’elle serait débordée ? Il était clair que la Dame de Fer n’avait pas beaucoup de temps libre, mais elle n’était pas au ministère pour faire pousser des
Poinsettia !
« Enfin… Passons. Ce vote aura lieu en temps et en heure, et il sera décidé par les autorités compétentes. Ne t’inquiète pas, je penserai à toi lorsqu’il sera nécessaire de déléguer cette tâche à quelqu’un… »
Autrement dit, la Dame de Fer n’annonçait ou ne se prononçait sur aucune date ni méthode d’exécutions. Elle envisageait seulement un vote, dans un avenir plus ou moins proche. Mais clairement, la politique n’était pas simplement une question d’écrire sur une
carte de vœux sa volonté pour pouvoir la voir se réaliser immédiatement, sans délai.
« Je suis en accord avec ta vision de la Mission du Hokage. Toutefois, je pose la question à tous ici présent. Avez-vous un jour été rassuré depuis ce jour fatidique ? Votre sentiment d’appartenance a-t-il un jour exister sur des bases sereines ? Était-il tourné vers votre clan, ou vers notre village ? N’avez-vous jamais réellement dormi sans craindre que cette situation ne se réitèrent ? »
Elle s’arrêta un instant. Tout comme Taram, la zélée maîtrisait le rythme de la conversation.
« La vérité et qu’au fond de nous, nous avions tous cette idée en tête. Que le nouvel ordre que nous avons fondé c’est basé sur cette peur. Tel une plaie mal désinfectée, nous avons laissé l’abcès se former et aucun d’entre nous n’a eu le courage de le percer. Nous avons placé, à tort, Kazami et Gekido au rang de mythes, de personnage à la puissance légendaire, au rang de monstres inhumains. La peur nous dicte depuis ce jour. La peur de froisser l’autre. La peur de voir l’histoire se répéter. »
La Dame de Fer fit une pause.
« Si tu appelles « crever l’abcès pour désinfecter la plaie et se diriger vers une véritable guérison » mettre le chaos… Alors oui, le chaos est nécessaire pour rétablir l’ordre.
Détruire les anciennes fondations pour en bâtir de nouvelles, plus fiable et plus solides. Démystifier le mythe des amants maudits pour les remettre à leur juste place : deux êtres humains ayant commis des atrocités. Prouver à tous qu’il n’appartient qu’à nous d’agir sur notre avenir, que l’on dispose du pouvoir de le faire sans être rattrapé par les fantômes du passée… »
Elle fixa Taram.
« Cette prise de pouvoir n’est pas la bonne solution. C’est simplement la moins pire qui s’offre à nous. Nous payons le prix de notre immobilisme, de notre inaction, la prémices de l’effondrement de n’importe quelle société.
Alors je dirais que ces sentiments de doutes, de peur, d’indignation, et de calvaire n’est que la douleur du au percement et au nettoyage de cet abcès. Cette douleur n’est pas enviable, mais pourtant, elle est une épreuve indispensable pour ne pas mourir d’infection. »
Une métaphore peu complexe, mais qui traduisait la vision, cruelle et si terre-à-terre, de la Dame de Fer
« C’est pourquoi il est nécessaire d’agir avec le recul nécessaire. Ne pas céder à la panique, ni à la précipitation. Agir méthodiquement, et résoudre un problème à la fois dans l’ordre le plus logique.
Il faut savoir faire preuve de courage, et affronter ces peurs. C’est le défi que chaque Konohajin doit relever. Et je suis certaine que chaque Konohajin le relèvera. C’est parce que j’en suis persuadé que j’ai agi comme je le fais aujourd’hui. »
La Dame de Fer fixa Taram. Cette fois-ci, elle prenait le contre-pied de son attitude auparavant. Elle ne fuyait pas. Elle la transperçait de son regard intense et presque glacial.