Les mots et les sentiments n'étaient que rarement des reflets les uns des autres. Les excuses acceptées par Shizuka par rapport à l'emportement dont elle avait fait preuve plus tôt le furent uniquement pour les apparences. Misao voyait au fond du regard de sa sœur de cœur que seule l'étiquette avait maintenu son calme en place... Et probablement leur relation mutuelle. En pensé, effondrée, la jeune shinobi priait son amie la plus chère de lui pardonner.
Elle parvint avec grande difficulté à ne pas laisser ses yeux courir vers ceux de sa Junin afin de de pas lui imposer sa présence. Elle avait toujours été d'une loyauté sans faille, veillant à chaque instant d'éviter l'insubordination, malgré l'amitié offerte par celle qui était sa responsable hiérarchique durant l'ensemble de sa carrière et qui ne souhaitait d'ailleurs pas que cela change. Cette journée aurait du être parfaite et elle s'échinait pourtant à la gâcher.
Extérieure à l'échange, qui la dépassait complètement, uniquement présente en escorte, elle avisait les bols qui leurs étaient servis, se demandant s'il n'était pas mieux pour elle qu'elle enfonce sa tête dans l'un d'eux afin de disparaître. Si son port se voulait digne et altier, elle ne pouvait s'empêcher de laisser le tumulte de sa rancœur vis à vis d'elle-même percer sur son minois.
Elle n'écoutait plus la discussion que d'une oreille distraite, son attention focalisée sur un thé aux odeurs sublimes qui la réconforterait certainement si elle venait à s'en désaltérer. Elle manqua néanmoins de s'étouffer et avala de travers lorsque Shizuka révéla les intentions du Raikage au sujet de cette rencontre. Il lui fallut faire appel à toute sa maîtrise sur elle-même pour ne pas se mettre à tousser bruyamment.
Misao riva son regard d'or vers Asae, ses iris y cherchant les traces potentielles d'une blessure qui aurait été infligée par les mots de son amie. Il lui fallait ajouter quelque chose à cela, embellir la situation, c'était plus fort qu'elle, elle entreprit un sourire forcé qui ne vint jamais et ajouta d'une voix aimable :
« Pour notre bien à tous, j'en suis sûre. Afin que Kumo se sublime, domine ses voisins et que nous marchions ensemble vers un avenir glorieux... »
Des mots qui reflétaient uniquement son envie de croire cela. Naître Hattori avait été profitable à plus d'un titre, mais si son sang était celui d'une shinobi du clan, son cœur rêvait décidément de façon trop clair à un adoucissement de ses coutumes... Surtout envers leurs alliés de Miwaku.