Misao écouta les flatteries et le point de vu de l'Okasan au sujet de son clan d'une oreille distraite. Non pas qu'elle n'y était pas sensible, elle était même particulièrement fière de ce sang qui coulait dans ses veines. Mais il était heureux que Chihiro fut de l'avis qu'elle décrivait, Maîtresse ou pas, les Miwaku était un clan allié, certes, mais soumis. Il devait bien y avoir quelques uns de ses représentants ne partageant pas le point de vu de la vieille femme et la kunoichi se disait que cela pouvait se révéler pénible de servir un maître que l'on n’appréciait ni ne comprenait. Ajouté à cela que même si elle avait parlé de Sayan en première, elle ne souhaitait plus entendre traiter de lui ni même l'évocation de son souvenir. Elle l'oubliait déjà, son insignifiance et sa pitoyable existence disparaissant dans les limbes de son esprit.
Son interlocutrice avait eu beau faire la commande de l'alcool de riz, elle ne semblait plus à même que Misao d'en apprécier le gout et les effets. D'apprendre que tout les Hattori ne partageaient pas son point de vu ne l'étonnait pas. Shizuka avait elle même des réactions particulières face aux membres de leur clan allié. Pour sa part, la jeune guerrière, consciente malgré tout de sa supériorité, préférait les traiter en égaux, en frères et sœurs d'armes. Les Miwaku était une richesse de Kumo, un butin de guerre dont il fallait prendre un soin tout particulier.
Le propos glissa un instant sur Asae, ce qui était normal, puisqu'elle en était elle-même l'instigatrice. Elle aimait beaucoup cette jeune fille, quoiqu'elles devaient avoir toute deux le même age.
« Asae-chan manque cruellement de confiance en ses capacités. Elle est merveilleuse à tout point de vu, autant en grâce qu'en beauté et sa voix... Si elle parvenait à la tenir sans hésiter, elle n'aurait aucun mal à se faire obéir des hommes pris dans les filets de ses charmes... Et des femmes... »
Elle rougit quelque peu à cette évocation puis se repris rapidement, passant à la suite de son discours :
« Enfin, je suppose qu'elle doit se sentir honorée d'être à la fois votre élève et celle de Shizuka-dono. à vous deux, il est évident que Asae deviendra une Miwaku hors normes dont aucun ne saurait ignorer l'existence. »
Elle termina de se désaltérer de son thé, sa chaleur l'envahissant fut accueillie avec une expression de grand ravissement. Le sujet termina sur elle-même, ce qui ne la dérangeait absolument pas. Les mains toujours autour de sa tasse, avisant son fond dorénavant vide avec une pointe de tristesse, elle répondit sans accrocs :
« Je m'entraîne. Depuis que je suis en age de tenir sur mes jambes, bien avant de savoir parler ou lire, je m'entraîne. Je suis une kunoichi, une fière Hattori. Mais je suis aussi une femme... Que l'on ne voit parfois que comme telle. J'en suis fière aussi, plutôt deux fois qu'une même ! Mais je dois fournir trois fois plus d'effort pour être remarquée. Dans les rues de Kumo, on entends parler des Masashi, des Gareki... Mais pas de Misao. Alors lorsque je ne suis pas en mission, je m'entraîne. Il s'agit là de la seule activité à laquelle je m'adonne, jusqu'à l'épuisement s'il le faut. »
Elle laissa planer un instant de silence pour dissiper la mélancolie qui l'envahissait à ce sujet. Pour retourner une mine réjouie vers l'Okasan :
« Ce serait avec plaisir ! Je n'ai pas grand chose dans mes humbles quartiers autre que des traités et des armes, je serais honorée et enchantée d'être confrontée à votre collection de thé... Si vous n'avez pas peur de la voir disparaître dans l'instant suivant. »
Elle éclata d'un rire cristallin pour toute ponctuation de sa déclaration enjouée.