Tu écoutais attentivement les dires d'Emi. Les récits des autochtones avaient bien plus de valeur que des milliers de pages de livre écrit par de simples visiteurs. Tu appréciais les informations, toutes sortes d'information. Tu étais bien conscient que le savoir était la première arme pour remporter n'importe quelle bataille. Alors, tu ne crachais jamais dessus lorsque celle-ci venait à toi aussi facilement. D'autant plus lorsque les histoires parlaient d'un peuple défait par l'ennemi commun : Kumo. Il était intéressant d'avoir des informations permettant de comprendre ce qui potentiellement avait poussé à la perte un village tout entier. Alors, l'oreille tendue, tu tentais d'absorber toutes les paroles de la Kaguya, les stockant dans un coin de ton cerveau, te laissant ainsi le plaisir de les étudier à tête reposé.
« Merci d'éclaircir les quelques connaissances que je disposais. »
Tu aurais apprécié continuer d'échanger sur un tel sujet, cependant, il allait falloir remettre cela à plus tard. Doucement, les conversations vous avaient fait progresser sur la route principale et le soleil était arrivé à son zénith. Devant vous, à quelques dizaines de mètres de là, se dressait alors une bâtisse fait de pierre dont une volupté de fumée s'échappait de la cheminée. Tu ne connaissais que trop bien ce bâtiment qui n'était nul autre que l'auberge qui avait pour drôle de nom
Aux larmes du houblon . Tu avais un jour questionné le propriétaire de ce lieu sur l'origine d'un tel nom et sa réponse te semblait pleine de sagesse : rien ne vaut l'alcool pour faire couler des larmes.
« Nous allons faire halte ici, Emi. J'ai quelques marchandises à remettre au propriétaire et nous en profiterons pour nous restaurer. »
Tu arrêtais alors ta caravane et fit signe à un homme assis sur une pierre. Takeo. Il était l'homme de main de l'auberge, celui-ci s'occupait de nourrir les canassons des marchands, de leur offrir quelques soins, et même de les brosser si celui-ci disposait du temps nécessaire. Bien évidemment, tout cela se monnayait.
Tu descendis avec une certaine élégance du chariot, alors que Takeo s'approchait de toi.
« Mon Cher Ami, vous connaissez la routine. »
Tu lui offris une simple frappe dans le dos comme remerciement alors que le jeune homme commençait déjà à s'adonner à la tâche, détachant ton cheval de ses attaches, libérant ainsi le chariot. Tu te retournas alors en direction d'Emi.
« Pourrais-tu surveiller la cargaison, le temps que j'aille m'arranger avec le propriétaire. Je nous ferais apporter le repas en extérieur. »
Sans attendre une réelle approbation de la part de la Kaguya, tu pénétras à l'intérieur du bâtiment afin de faire quémander le propriétaire. Tu passas une bonne quinzaine de minute à négocier le prix des marchandises avec celui-ci avant de ressortir accompagné de trois hommes. De la main d’œuvre pour récupérer ce qui avait été convenu. Les choses se déroulèrent rapidement, les hommes disparurent à nouveau dans l'auberge, les bras chargés de diverse chose. Alors, tu vins prendre place aux côtés d'Emi.
« Ils nous apporteront notre repas dès que ceux-là seront prêt. »
« Sais-tu quel type de population fréquente ce lieu ? Majoritairement des veuves fortunées recherchant de la bonne compagnie. C'est un fait connu... Du coup, je ne sais guère quoi en penser. Nombreux des hommes viennent ici en espérant épouser l'une d'entre elle afin de se voir devenir riche.... Et pourtant, ces femmes continuent de venir en nombre, conscientes qu'elles ne trouveront que des opportunistes... N'est-ce pas étrange finalement ? »
« Mais qu'importe... Tu m'as dit avoir quitté Kiri car cette vie ne te correspondait pas. Permet moi, alors, de te demander à quel genre de vie tu aspires ? »